CINEMA
DON’T BREATHE de Fede Alvarez : un jeu du chat et de la souris sous tension
Money (Daniel Zovatto), sa petite amie Rocky (Jane Levy) et l’ami de celle-ci, Alex (Dylan Minnette), tentent de fuir leur existence sans perspective à Détroit en cambriolant de grandes maisons. Mais les biens qu’ils récoltent sont loin de leur faire toucher le pactole.
Money s’entend dire que s’il veut se faire de l’argent avec ses vols, il doit voler directement de l’argent. On le met sur un coup : un vétéran de la guerre d’Irak, devenu aveugle et vivant reclus depuis la mort accidentelle de sa fille. Cette dernière ayant été renversée, il avait reçu un dédommagement s’élevant à plusieurs centaines de milliers de dollars.
Gros coup en perspective, qui fait saliver Money et Rocky, rêvant de partir vivre en Californie. Pour Rocky, ce serait l’occasion de prendre avec elle sa soeur et de l’extirper à une mère alcoolique. Alex a plus de réserves : depuis le début, c’est lui qui permet aux cambriolages de se faire, son père travaillant dans une société de sécurité et ayant de nombreux doubles de clés. Il se trouve que pour cette nouvelle cible, il peut encore une fois se procurer un double. Mais l’enjeu lui paraît trop grand et dangereux.
Il se laisse toutefois convaincre par Rocky dont il est secrètement amoureux. Les trois jeunes voleurs s’apprêtent donc à braquer l’homme sans défense… du moins c’est ce qu’ils croient. Ils vont s’embarquer dans une nuit cauchemardesque et se retrouver pris au piège de leur propre victime présumée…
Belle surprise que ce film d’horreur de Fede Alvarez, qui avait réalisé un remake d’Evil Dead. Don’t breathe est extrêmement efficace, mettant les nerfs du spectateur à rude épreuve grâce à un scénario diabolique et ludique et surtout une mise en scène par moments franchement impressionnante. La maison du vétéran aveugle devient un terrain de jeu macabre, un champ de guerre où tous les coups sont permis pour sauver sa peau, ses secrets ou son magot.
Le réalisateur joue à la fois avec l’oppression du huis clos, l’angoisse de l’enfermement, tire le meilleur de l’ambivalence parfois extrême de tous ses personnages (on peut comprendre les motivations de chacun et en même temps ils sont tous prêts au pire) et la cécité du « méchant » donne lieu à un jeu du chat et de la souris particulièrement tendu.
Avec un arrière-plan social et intime, une approche de la peur réaliste (à contre-courant de la mode un poil fatigante de l’effroi paranormal), Don’t breathe fait des ravages. Fede Alvarez parvient à la fois à délivrer des prouesses de mise en scène tout en étant extrêmement fun et en assumant le caractère « tour de grand 8 » de l’entreprise. On en ressort bien à bout de souffle.
Film sorti en 2016 et disponible en VOD