FICTIONS LGBT
EASTSIDERS saison 4 : au-delà des conventions
La saison 4 de la série à thématique gay Eastsiders est aussi sa dernière. Son créateur et comédien principal, Kit Williamson, délivre une très belle conclusion en nous laissant sur cette pensée pas si répandue que le couple reste à réinventer.
Le couple est au centre de la série depuis ses débuts et c’est peu dire que les personnages de Cal (Kit Williamson) et Thom (Van Hansis) ont fait face à de nombreuses épreuves : tromperies, séparations, remises en question… Ce dernier chapitre les montre sexuellement ouverts. Cela a le mérite de minimiser l’hypocrisie mais cela donne aussi parfois le vertige et on comprend que la liberté de ce type de relation va de pair avec des doutes, de la jalousie. Jusqu’à un final vibrant, les deux hommes se demandent si leur relation est légitime. Car on nous a toujours rabâché que le couple c’est la fidélité, que ça se vit d’une certaine façon et pas d’une autre. Quand un couple ne rentre pas dans le moule pré-pensé par la société, on finit toujours par cogiter. Car les gens, les fictions, les magazines, véhiculent encore et toujours une seule image. Eastsiders a le mérite de ne pas juger ses protagonistes, de ne donner aucune certitude. La série présente le couple comme une chose belle qui ne tient en permanence qu’à un fil. C’est fantastique d’aimer et d’être aimé mais c’est aussi compliqué, effrayant et riche en épreuves.
Si le couple Cal / Thom est le parfait exemple de la volonté du show de ne pas raconter des histoires de couple lisses, cela se retrouve dans tous les autres couples de la série. Cette saison finale tourne autour des préparatifs du mariage entre Quincy et Douglas, couple de drag queens. Ce dernier rend fou son copain alors qu’il est devenu une influenceuse drag sur les réseaux sociaux et entend se présenter à la cérémonie en robe de mariée. A travers ce couple atypique, Eastsiders saisit ce mélange d’amour puissant et d’animosité qui peut exister entre les amants (c’est peu dire qu’ils se lancent de sacrées vacheries). On a l’impression que leur relation est prête à exploser à tout moment mais ils finissent toujours par se raccrocher l’un à l’autre.
A travers des arcs narratifs secondaires, Kit Williamson explore aussi le désir de parentalité d’un couple gay formé par Jeremy (Matthew McKelligon) et Derrick (Leith M. Burke). Ces passages peuvent paraître un poil plus classiques mais là encore on retrouve la vulnérabilité du couple, de nombreux questionnements alors que Jeremy se sent délaissé par son compagnon qui travaille trop et semble lui échapper.
Enfin, il y a le personnage de Ian (John Halbach) qui se révèle bisexuel (avec le torride Adam Ramzi) et qui de façon assez amusante se rend compte de la biphobie ordinaire qui perdure encore parfois aujourd’hui.
Avec tendresse, Eastsiders fait sauter les étiquettes et en devient une série intimiste, feel good et plus profonde qu’elle n’en a l’air derrière ses atours fun et sexy. On en ressort en se sentant bien, en réalisant que l’amour est un challenge permanent pour lequel il est bon de se battre et qu’il faudrait bien, enfin, arrêter de se comparer, se conformer. Aimer et se réinventer, accepter de tomber, douter, pour se relever avec sa moitié. La grande majorité des comédies romantiques devraient en prendre de la graine.
Série visible sur Netflix France