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Ensemble, Excerpts : LE voyage musical de 2011
Il est arrivé, le premier grand album de 2011. Derrière ENSEMBLE se cache le compositeurOlivier Alary, toulousain exhilé à Montréal, qui a déjà une belle carrière derrière lui. Deux albums : Sketch Proposals et l’éponyme Ensemble (dans lequel apparaissait notammentChan Marshall de Cat Power), des collaborations fructueuses avec Björk, des compositions pour la danse, le cinéma ou des défilés de mode… Et aujourd’hui débarque l’album Excerpts.
Un album très cinématographique qui déploie les premières lignes de son intrigue le temps d’une mystérieuse ouverture avant de nous laisser entre les mains de la chanteuse Darcy Conroy pour un premier titre chanté, Things I Forget. Voix de chanteuse bossa nova, arrangements élégants : on pénètre dans un univers agréable, confortable, presque bourgeois. Mais voilà qu’en cours de route des voix surgissent, embrouillent, sèment le trouble. Et paf ! : en plein milieu du morceau c’est la transformation. Une envolée aussi magnifique qu’inattendue. La beauté des cordes nous amène au septième ciel. Excerpts se profile alors comme une véritable promesse. Plutôt confirmée par le titre suivant, le fragile Les saisons viennent. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Survient sans crier gare En attendant l’orage, chanté par Olivier Alary lui-même, qu’on imaginerait volontiers en héritier de Daho ou Murat. L’élégance des textes, la voix qui ne prend pas parti évoque même bien mieux que les deux artistes précités : je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la pop poétique d’Holden. « Embrassons-nous dans une dernière danse ». Cet artiste n’a pas peur du romantisme et du lyrisme. Excerpts est de ces envolées qui émeuvent et transpercent. Qui touchent à l’essentiel et deviennent universelles.
« Je ne distingue gère le vécu du rêvé et l’intime du cliché ». La voix d’Alary, à la fois instantanément familière et insondable nous entraîne plus tard vers de somptueux et mélancoliques Mirages. Et puis se dévoile Excerpts, le morceau qui donne son nom à l’album et dont le clip opte pour un montage d’hypnotiques « scènes de train ». Et alors là mes amis, c’est la claque ! Cela faisait des mois qu’une chanson ne m’avait pas à ce point obsédé. Voix suave et mystérieuse de Darcy Conroy qui reprend le dessus. Croisement entre morceau bossa nova, passage rêvé de comédie musicale au sein d’un film touché par la grâce. Beauté inouïe des arrangements. Au loin, le bruit du chemin de fer, de tous ces trains que l’on a pris ou que l’on ne prendra jamais. Ressurgissent alors tous ces moments passés à admirer le paysage, à repenser sa vie, avec la hâte de retrouver la personne aimée ou le déchirement de l’avoir peut-être perdue à jamais. On en vient à prier que le voyage ne s’arrête jamais.
Après l’instrumentale Valse des objets trouvés et le joliment épuré Imprints, Olivier Alary partage ses Envies d’avalanches. Un bruit étrange, qui se révèlera être celui d’un « vent mauvais » dont « la plainte revient dans le ciel nébuleux ». Le fond, la forme : la maîtrise de la chose laisse pantois. On se quitte sur Before Night, complètement chamboulés. Et on réécoute ce disque, encore et encore, comme la bande-originale d’un film préféré, purement issu de notre imagination. Déjà, un des sommets de 2011.