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EVEN LOVERS GET THE BLUES de Laurent Micheli : et après ?

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Un deuil et des couples qui se cherchent. Premier long-métrage de Laurent Micheli (qui a depuis réalisé Lola vers la mer), Even lovers get the blues oscille joliment entre sensibilité et sensualité.

Un soir alors qu’elle vient de faire l’amour avec son compagnon Hugo (Gaël Maleux), Ana (Marie Denys) prend une douche. Quelques minutes plus tard, elle découvre que celui qu’elle aime est mort. S’entame alors un long processus de deuil. Comment continuer à vivre quand on a perdu la personne la plus importante de sa vie ?

Ana se cherche, se perd dans des étreintes de passage. Elle peut surtout compter sur la présence de ses amis, toujours là pour l’épauler. Des amis qui comme elle sont en plein questionnement existentiel alors que leurs relations se complexifient. Léo (personnage féminin interprété par Séverine Porzio) et Louis (Arnaud Bronsart) traverse une mauvaise passe : ils ne sont souvent plus en phase, n’ont pas envie des mêmes choses (elle s’imagine tester un plan à trois quand lui veut lui faire un enfant). Dalhia (Adriana Da Fonseca) est quant à elle un peu fatiguée de ne jamais être sûre des sentiments de son copain, le très beau Graciano (Gabriel Da Costa). Et ça se corse quand le frère gay du défunt Hugo, Arthur (Tristan Schotte), rejoint le cercle d’amis. Lui et Graciano commencent une liaison, ce dernier explore alors sa bisexualité sans vouloir pour autant délaisser Dahlia. Le temps de quelques semaines décisives, chacun va déconstruire pour mieux reconstruire l’avenir…

even lovers gets the blues film

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Que ce soit par son introduction en forme de feu d’artifice de plaisir ou par sa façon de montrer les rapports intimes sans détours, Even lovers get the blues peut faire penser à un cousin belge du merveilleux film Shortbus. Comme dans ce dernier, le réalisateur Laurent Micheli explore le rapport au corps, au plaisir, au couple, avec une belle liberté et beaucoup de sensibilité.

Il émane de l’ensemble un côté rock’n’roll, avec une mise en scène sensorielle et au plus près des personnages. Le cinéaste se permet quelques artifices pop également, faisant par surprise chanter ses personnages à certains moments clés.

Les protagonistes ont un petit côté arty, ils courent après du sens. Tandis qu’Ana redécouvre malgré elle la solitude et met son corps et son plaisir à l’épreuve, les deux couples d’amis qui l’entourent se heurtent à des chocs similaires. D’un côté chez certains l’envie de se poser, de transformer leur union en quelque chose qui se rapproche du couple classique et quelque part bourgeois. De l’autre, des personnalités en quête de souffle et d’exploration. Les dialogues , situations et visions sur la sexualité sont très justes, on s’attache beaucoup à tout le monde et c’est un de ces films qu’on n’a pas envie de quitter, pour prolonger le plaisir d’être avec cette bande à la fois belle, cool et à vif.

On retient particulièrement le segment concernant le triangle amoureux entre Graciano, Dalhia et Arthur. C’est un beau portrait d’homme bisexuel, porté par un Gabriel Da Costa qui irradie l’écran de désir (difficile de ne pas tomber amoureux de lui).

Film produit en 2016 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen et en DVD aux éditions Optimale

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3