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« Fairy Nest » de Claudius Pan : un rêve queer en images

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Avec « Fairy Nest », Claudius Pan nous plonge à nouveau dans son univers qui ne ressemble qu’à lui-même peuplé de marginaux devenus fées. C’est là son court-métrage le plus coloré, le plus doux et le plus apaisé aussi.

Dans un appartement en forme de cocon (le « nid de fées » du titre), deux garçons (Romain Brau et Luc Bruyère) s’aiment et rêvent, à la lisière du monde. L’iconique Romain Brau s’impose une nouvelle fois comme la splendide créature de cinéma du réalisateur, déambulant dans les rues d’un Paris libre et léger comme l’air, transformant la grisaillé en rayon de soleil, un détritus de chez Burger King en couronne de Roi.

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Cette figure de cinéma, ce personnage flamboyant que Claudius Pan met en scène de film en film est sans doute l’un des révélateurs de son cinéma expérimental, aussi perché que poétique. Comme Romain Brau le fait dans les fictions, Claudius Pan essaie en permanence de transformer le réel et tout ce qui pourrait nous réfréner en quelque chose de magique. Ceux que l’on ne montre jamais (ou si peu) déploient ici leurs ailes et batifolent dans un espace empli de douceur, de mythes et de contes.

C’est comme si le temps du film la réalité n’existait plus. « Fairy Nest » est une invitation à rejoindre un autre monde, où la musique n’est pas comme on a l’habitude de l’entendre, où la théâtralité est célébrée, où chacun peut choisir de faire ce qu’il veut sans se soucier du regard des autres. Dans sa façon d’être ou dans sa façon d’aimer.

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Si la mélancolie reste en arrière plan, avec notamment l’angoisse d’un réveil en forme de solitude, les protagonistes ne se laissent pas consumer et poursuivent leur rêve d’une vie simple, sincère, sous le signe de la plus grande liberté possible.

Ce nouveau projet, tout aussi expérimental et tranchant que les précédents de Claudius Pan, fait l’effet d’un rêve mis en images. Une vague de tendresse, de mise à nu et de beauté féérique (mais pas lisse pour autant) sur la merveille de l’affirmation.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3