CINEMA
GOAT de Andrew Neel : devenir un homme à tout prix ?
Brad (Ben Schnetzer) est un jeune homme qui ne fait pas de vagues. Il est plutôt romantique et timide, suit son grand frère Brett (Nick Jonas) dans ses soirées où sexe et drogue sont à l’honneur mais reste clean. Une nuit, alors qu’il part tôt d’une fête pour rentrer chez lui, Brad est agressé par deux inconnus. Ils le frappent presque jusqu’à la mort et lui volent sa voiture. Profondément traumatisé, il commence à développer des sentiments complexes vis à vis de lui-même. Comme toujours, son frère, plus fort, plus dégourdi, propose son aide pour le venger. Brad n’en peut plus de se sentir faible.
La rentrée scolaire dans une université approche, la victime songe un temps à ne pas y aller puis se ravise. Il est intronisé dans une confrérie et va participer à un intense bizutage. A peine plus âgé que lui, son grand frère est dans les parages et tente de faire en sorte que les choses se passent bien. Mais le bizutage est sévère et va pousser Brad dans ses retranchements. Il se convainc qu’il doit absolument s’endurcir pour ne plus jamais être une victime et devenir « un vrai mec ». Plus les jours passent et plus le rituel commence à ressembler à un cauchemar.
Le réalisateur Andrew Neel dispense ici un savant mélange de brutalité et de sensibilité. Si on sent bien une certaine fascination malsaine pour des jeux teintés de SM et leur mécanique perverse (pour devenir un homme et pouvoir un jour humilier à son tour, il faut se soumettre, obéir totalement et tout accepter de ses initiateurs), la relation tendre et qui se passe de mots entre les deux frères évite au projet de tomber dans un nihilisme trop systématique.
L’atmosphère huis clos marche totalement, la tension monte, mais en filigrane le spectateur suit surtout le cheminent d’un garçon victime d’une agression en quête désespérée d’une porte de sortie. A défaut de proposer quelque chose de vraiment neuf, Goat est bien fichu, porté par une mise en scène solide et des interprétations qui ne manquent pas de finesse (Nick Jonas campe avec brio ,entre douceur et ambivalence, le personnage du grand frère). Le projet vaut aussi pour son homoérotisme un peu bizarroïde.
Film produit en 2016 et disponible en VOD