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HALSTON (mini-série Netflix) : passion, ambition, addictions

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Nouvelle mini-série Netflix estampillée production Ryan Murphy (qui a travaillé ici avec Sharr White), Halston revient en mode biopic sur le parcours du créateur de mode Roy Halston Frowick. L’occasion d’une plongée dans le New York débridé des années 1970-1980, entre rêves, mégalomanie et excès. 

Pour ceux qui ne sont pas de fins connaisseurs de mode le nom de Halston n’est pas resté vraiment dans les mémoires malgré le vif succès qu’il a pu rencontrer et l’influence qu’il a pu avoir sur de nombreux artistes. Cette mini-série a donc déjà le mérite de nous faire découvrir cette personnalité flamboyante et très cinématographique qu’incarne à merveille Ewan McGregor (qui ajoute un nouveau rôle gay à sa filmographie au passage des années après I love you Phillip Morris et Velvet Goldmine). 

Halston nous est introduit alors qu’il est au départ un créateur de chapeaux (l’un de ses modèles étant entré dans l’Histoire car porté par Jackie Kennedy). Les chapeaux devenant de moins en moins tendance, il songe à devenir un créateur de mode plus polyvalent et à lancer ses propres collections. Le chemin ne s’annonce pas facile mais l’artiste a la rage de vaincre, porté par une vive soif de réussite. Se sentant marginal depuis son enfance dans une ville paumée (avec une mère aimante mais un père violent qui voyait d’un mauvais oeil sa singularité), il a une revanche à prendre et il va l’avoir. 

Parvenant à s’entourer des bonnes personnes et à réunir les fonds nécessaires (grâce au fidèle et enthousiaste David Mahoney) , boosté par sa propre créativité et celle de ses collaborateurs (Elsa Peretti, Joe Eula, le jeune Joel Schumacher) Halston s’impose progressivement comme une sensation de la mode avec ses pièces novatrices. Le succès lui monte toutefois vite à la tête. Alors que son compagnon, l’ordinaire et aimant Ed Haustin (Sullivan Jones), s’étonne de le voir forcer les traits de sa personnalité et se comporter en diva, le créateur passe rapidement à autre chose. C’est au final avec l’abrasif et séducteur Victor Hugo (la bombe Gian Franco Rodriguez), un garçon moustachu qui monnaie ses charmes et se rêve en artiste warholien, qu’il va entamer la grande passion de sa vie. 

halston série netflix

La série est exactement ce à quoi l’on peut s’attendre en regardant un biopic signé Ryan Murphy. C’est élégant, plein de souffle, vivant, légèrement insolent, gay comme tout, un peu hystérique par moments. L’ensemble est bien fichu et divertissant. On découvre à la fois l’homme, le créateur, l’héritage qu’il a laissé au monde de la mode. C’est aussi et surtout une nouvelle variation sur les affres du succès et du temps. Excessif et passionné, Halston vit à 200 à l’heure et n’entend faire que ce qui lui plait. Mais quand on est créateur de mode, on se retrouve vite cerné : les critiques qui peuvent dézinguer chaque nouveau défilé, les investisseurs qui essaient de vous contrôler, de changer l’art en marque / produit… 

Est-il vraiment possible d’être un grand créateur qui accède à la pop culture et de conserver sa liberté et son audace ? Le show montre les choix complexes qui se présentent à Halston, son rapport conflictuel avec l’argent et la gloire. Celui qui rêvait de prestige va un peu vendre son âme au diable en signant des contrats dont les subtilités vont parfois lui échapper. A force de vouloir suivre son instinct et d’être très sanguin, le créateur ne va pas toujours faire les bons choix, aussi bien professionnellement qu’affectivement (il sera amené à se brouiller avec les êtres les plus chers de sa vie). 

halston série netflix
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Si la romance avec l’iconique Victor Hugo est très présente lors des 5 épisodes qui constituent la mini-série, les scénaristes ont aussi et surtout mis l’accent sur l’histoire d’amitié indéfectible entre Halston et l’actrice Liza Minnelli (magnifiquement interprétée par Krysta Rodriguez). On les voit évoluer tous les deux en tant qu’artistes, s’épauler et faire face à des addictions similaires. 

Portrait d’un homme et créateur mais aussi d’une époque, Halston nous fait revivre (avec une chouette B.O qui compte entre autres le Velvet Underground, Sly & The Family Stone, Donna Summer, David Bowie…) l’euphorie des seventies, l’âge d’or du Studio 54 et le couperet des années Sida. 

Ce que l’on retient de ce parcours de vie riche en rebondissements et émotions, c’est la passion sans limite de son sujet, son obstination et sa soif de rester vivant, de ressentir, quitte à se perdre complètement dans l’excès et les addictions. À voir ! 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3