CINEMA
HARCÈLEMENT de Barry Levinson : Demi Moore fatale
C’est un film qui aurait bien du mal à sortir aujourd’hui et qui n’a pas vraiment une super réputation. Il est vrai que Harcèlement (« Disclosure » en VO) a un peu vieilli mais il fait partie de cette vague des thrillers érotiques des années 1990 portés par des héroïnes fatales et bitchy qu’on adore ici. En manipulatrice qui n’accepte pas « non » comme une réponse, Demi Moore est ici assez phénoménale et on jubile de retrouver ce bon vieux Michael Douglas dans un nouveau rôle d’homme dépassé par une femme retorse après Liaison Fatale et Basic Instinct.
Tom Sanders (Michael Douglas) est un homme heureux : il est cadre dans une entreprise high tech, père de famille et marié à une femme qu’il aime. Il est tout excité alors qu’il s’attend à une promotion le propulsant comme Vice-Président de sa compagnie, à l’aube d’une fusion stratégique. Le grand jour arrive, il a le sourire, mais au fil de la journée c’est la descente aux enfers.
Tom arrive en retard au bureau et rate son patron. Un de ses collaborateurs lui apprend qu’une rumeur circule comme quoi il n’aurait pas la promotion mais qu’en plus sa carrière est menacée. Et en effet, le poste est attribué à quelqu’un d’autre. Et pas n’importe qui : Meredith Johnson (Demi Moore), une femme ambitieuse sortie de nulle part pour l’entreprise mais que Tom connait bien. Et pour cause : ils avaient entretenu une liaison torride il y a plusieurs années. Une liaison à laquelle Tom avait mis un terme.
Convoqué dans le bureau de celle qui est désormais sa supérieure à la fin de la journée, Tom est sur ses gardes. Il est loin d’imaginer ce qui va se passer. Jubilant d’être désormais au pouvoir, Meredith profite de son statut pour faire des avances à Tom. La femme est magnifique et extrêmement sexy et l’homme marié a du mal à résister… mais il va tenir tête à ses pulsions et la repousser. Ce ne sera pas suffisant pour que Meredith s’arrête : elle l’agresse jusqu’à ce que le rapport atteigne un pic de violence. Tom s’échappe et rentre chez lui. Sonné, il n’en parle pas à sa femme. Le lendemain, il apprend que Meredith l’accuse de l’avoir violée.
Le long-métrage de Barry Levinson a vieilli de par le décor de son intrigue (une entreprise développant de nouvelles technologies – bravo quand même d’avoir anticipé l’avènement de la réalité virtuelle même si les effets spéciaux paraissent aujourd’hui datés). Il y a aussi des choses qui ne passeraient plus aujourd’hui (le film n’est pas tout à fait clair, se perdant entre revendications féministes (le discours final de Meredith sur le fait qu’on condamne toujours plus les femmes que les hommes pour leurs manipulations dans le milieu professionnel) et misogynie borderline (la petite habitude qu’a Tom de taper sur les fesses de sa secrétaire ou les commentaires sexistes des hommes au sujet de Meredith)). Enfin, l’intrigue, adaptée d’une oeuvre de Michael Crichton, a un peu tendance à se perdre à force d’accumuler les rebondissements.
Malgré ces défauts, Harcèlement reste un sacré plaisir coupable ne serait-ce que pour cette scène nocturne complètement folle et devenue mythique dans le bureau de Meredith. Demi Moore qui se jette telle une mante religieuse sur un Michael Douglas bouche bée avec des dialogues éloquents : de quoi raviver la flamme des nineties !
Les ficelles sont grosses mais le suspense est au rendez-vous et Demi Moore excelle dans ce rôle de femme obsessionnelle et manipulatrice qui refuse l’échec (que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle, elle est prête à tout pour gagner et avoir le dernier mot). Ca n’est pas du niveau de Liaison Fatale ou Basic Instinct mais le guilty pleasure est là et le genre du thriller érotique ayant été tristement délaissé depuis, on ne boude pas son plaisir !
Film sorti en 1995 // Disponible en VOD et DVD