FICTIONS LGBT
Hunting season, saison 1 : Gays and the city
Depuis Queer as Folk et The L word, nous étions cruellement à la recherche d’une bonne série LGBT. Mis à part quelques personnages gays secondaires dans des shows de plus ou moins grande qualité, le manque commençait sérieusement à se faire sentir. Pour notre plus grand plaisir, plusieurs web séries américaines sont en train de voir le jour et disposent d’une liberté de ton qui fait un bien fou. C’est le cas de la première saison de Hunting Season. Créée par l’américain Jon Marcus, qualifiée par de nombreux sites et blogs comme un « Sex and the city gay », cette production indépendante nous plonge dans le quotidien d’Alex (Ben Baur), beau new yorkais gay et fraîchement célibataire. De retour « sur le marché », ce petit blond ultra mignon ne pense plus qu’à une chose : s’éclater. Et dans les quartiers gays de la Grosse Pomme, il semblerait que les possibilités de s’envoyer en l’air se présentent à chaque coin de rue.
Le titre ne trompe pas sur la marchandise : c’est la saison de la chasse. Entre les bars gays, les sex clubs, les soirées à gogos, les sites de rencontres et autres applications, trouver un plan cul express n’a jamais été aussi facile. Et Alex en profite avec une gourmandise grandissante. Lui-même l’admet : il a décidé de penser avec sa bite. De quoi donner lieu à des scènes de baise pleines d’énergie et de surprises, parfois au bord de l’explicite. Hunting Season est portée par son côté polisson et libéré et avouons que cela fait plaisir de voir des comédiens (majoritairement très sexy qui plus est) qui se donne corps et âmes pour leur rôle. A l’heure où tant de films et de séries s’autocensurent, ce petit show indépendant édoniste apparaît comme des plus raffraichissants.
L’histoire n’est pas nouvelle : la vie d’Alex et de ses amis gays (avec dans le lot un garçon sensible qui peine à trouver une relation sérieuse, un serial fucker invétéré et un asiatique en couple qui se prépare à passer en mode « open »). Alex écrit pour un site de potins et, porté par sa vie surexcitante de nouveau célibataire, décide de lancer sous pseudo son propre blog, sobrement intitulé « The great cock hunt ». Il y parle quotidiennement de sa vie sexuelle et sentimentale. A noter que la série est l’adaptation du livre The great cock hunt, lui-même tiré d’un blog. True story, donc. Ce n’est pas un hasard si l’on compare le show à Sex and the city : il en reprend tous les (bons) ingrédients. Chaque épisode est mené par la voix off d’Alex et on imagine que ce qui nous est raconté n’est autre qu’un des billets de son blog. Comme Sex and the city, la série a lieu à New York et fait de la ville un terrain d’expériences sexuelles souvent drôles et surprenantes et aussi un possible terrain de jeu sentimental. Ca ne parle que d’amour et de cul à longueur d’épisodes, avec beaucoup de simplicité et de naturel.
Alors certes, c’est une vision de l’homosexualité qui pourra en agacer quelques uns. Car elle recycle le grand cliché du gay qui passe son temps à s’envoyer en l’air et à se sculpter au club de gym, ses soirées à picoler, se défoncer et chasser. Mais le succès de la série ne vient pas de nulle part : ils sont nombreux les gays à avoir eu une période comme celle-ci dans leur vie. Un moment de chasse où tout semble possible et où l’on s’oublie alors que les partenaires défilent. Les dialogues sont piquants, les personnages attachants et déjouant peu à peu les caricatures qu’ils représentent à la base. Et il faut admettre qu’il est courageux d’avoir fait d’Alex le personnage principal du projet. Joli blond aux airs de boy next door, il incarne la dualité d’une génération perdue entre amour et sexualité, à la fois conscient que sa vie ne pourra pas toujours se résumer à une accumulation de plans culs et peinant pourtant à lever le pied.
Les épisodes ne durent qu’une dizaine de minutes et accentuent la sensation d’une vie à 200 à l’heure, où tout va très vite et où se poser et faire des choix, en mettant un peu de côté son plaisir, n’est pas si facile. Dès le premier épisode, Alex se retrouve tiraillé entre son envie de faire la fête, accumuler les plans culs, et entamer quelque chose de plus sérieux et profond avec un homme doux et plus âgé, Lenny. La situation se complique puisque s’ajoute un second objet d’affection, un comédien sexy qu’Alex a rencontré à la gym (après avoir longuement fantasmé sur lui). Alex est à la fois gentil et pétasse, est un garçon aussi sentimental qu’il a le feu aux fesses. Il veut l’ivresse des nuits chaudes de New York et l’amour sans s’engager. On se doute bien que cela ne pourra pas durer éternellement. En attendant, la série joue la carte de l’insouciance. Avec sa photographie colorée et sa bande-originale riche en morceaux pop, Hunting Season n’a pas à rougir face à ce que l’on peut voir à la télévision. Et elle dispose de cette liberté de ton qui fait toute la différence. C’est hyper divertissant, léger et attachant, tout en esquissant les problèmes d’une génération qui sans forcément s’en rendre compte passe son temps à consommer et se laisser consommer. La saison 1 ne compte que 8 épisodes (qui sont disponibles à la vente sur le site officiel à un prix un poil excessif – 2,99 dollars l’unité- mais c’est pour la bonne cause, les fonds serviront à financer la saison 2 qu’on espère d’aussi bonne tenue). Les amateurs de soaps gays ne seront pas déçus.