CINEMA
IRIS de Jalil Lespert : thriller softcore avec une magistrale Charlotte Le Bon
Ici on adore les thrillers érotiques qu’ils soient archi maîtrisés (le dernier coup de maître du genre restant « Gone Girl ») ou qu’ils lorgnent du côté du plaisir coupable (la dernière poilade phénoménale en date, on dirait que c’était « D’après une histoire vraie » – on ne se remet toujours pas du personnage et du jeu d’Eva Green).
Iris de Jalil Lespert, sorti fin 2016, n’avait pas rencontré un succès phénoménal, ni de la part des critiques (contrastées) ni du public (un box office décevant). Mais la bande-annonce avait de quoi attiser la curiosité et on a fini par le rattraper.
Tout commence dans un restaurant parisien chic. Antoine Doriot (Jalil Lespert) déjeune avec sa femme Iris (Charlotte Le Bon). Ils parlent peu, il y a comme un trouble puis finalement ils se disent « Je t’aime ». Il va payer la note, elle va l’attendre dehors en fumant une cigarette. Mais quand il sort, elle n’est plus là.
Quelques heures plus tard, Antoine reçoit un coup de fil. Un homme, Max Lopez (Romain Duris), lui apprend qu’il a kidnappé et détient sa femme. Il réclame 500 000 euros de rançon et lui interdit d’en parler à la Police. Antoine fait mine de suivre les règles mais ce riche banquier n’est pas du genre à se laisser faire et contacte discrètement les forces de l’ordre. Les agents Vasseur (Camille Cottin) et Ziani (Adel Bencherif) démarrent une enquête.
Le spectateur découvre rapidement que le kidnapping n’en est pas vraiment un : Iris a payé Max Lopez pour qu’il simule son enlèvement. Ce n’est que le premier rebondissement d’une longue série qui va nous plonger dans une enquête à la fois sombre et torride…
Le film est un remake libre d’une oeuvre d’Hideo Nakata produite en 1999. Si d’habitude les films en tant que réalisateur de Jalil Lespert nous laissent plutôt de marbre, force est de constater que le genre du thriller érotique lui va très bien. « Iris » est un film élégant à la sensualité noire et a plus d’un atout pour séduire les amateurs du genre : un casting séduisant et au top, de belles images, un scénario qui n’en finit plus de surprendre et enfin et surtout une réflexion désenchantée sur le couple.
Une des scènes clés du métrage est une confrontation entre Jalil Lespert et Camille Cottin où le banquier, bien plus tordu et pervers qu’il n’y paraît, confronte le commun des mortels à la soif du « toujours plus ». L’humain serait ainsi : de plus en plus incapable, surtout aujourd’hui, de se contenter de ce qu’il a. En filigrane, le film sonde le couple bourgeois et le couple tout court, la difficulté à faire cohabiter le besoin d’amour à des pulsions parfois difficiles à assumer. Chacun a sa part d’ombre et doit s’en accommoder. Libre à chacun de succomber à ses pulsions, ouvertement ou en les cachant, de les refouler ou d’y succomber.
Noir et entêtant, l’ensemble déploie une machination diabolique sur fond de lutte des classes. Le personnage de Max Lopez, brave type endetté pris pour cible par des riches qui se fichent de l’humain, s’avère être l’anti-héros de cette histoire sur fond de désir, de manipulation et de pouvoir. Nantis ou précaires : tout le monde n’a pas les armes mais tout le monde est démuni face au désir.
Parfois les ficelles sont un peu grosses et peu probables mais on a envie de croire en ce thriller efficace. Surtout que Charlotte Le Bon fait définitivement le show, absolument troublante et brûlante dans un rôle de femme fatale aux mille facettes (les scènes dans les clubs libertins de luxe sont très réussies). Les fans du genre seront servis.
Film sorti en 2016 // Disponible en DVD et VOD