FICTIONS LGBT
JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE d’Olivier Ducastel & Jacques Martineau : comédie en-chanté et Sida
Jeanne (Virginie Ledoyen) est jeune et jolie. Elle travaille comme standardiste dans une grande société. Légère, indépendante, elle collectionne les amants en attendant de trouver celui qui fera vraiment battre son coeur. Et voilà que par hasard, dans le métro, Jeanne rencontre Olivier (Mathieu Demy). Un jeune homme charmant, tendre, romantique. C’est le bon, elle le sent, elle tombe amoureuse. Il lui apprend qu’il a le SIDA : avant il se droguait et a été contaminé. Jeanne accepte cette réalité et désire plus que tout partager sa vie malgré la maladie. Mais Olivier s’affaiblit et refuse de partager sa souffrance avec ses proches. Il disparait…
Premier film de Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Jeanne et le garçon formidable est un véritable enchantement. On pense, forcément, beaucoup au cinéma de Jacques Demy avec les passages en-chantés, l’explosion par moments de couleurs et l’intensité des sentiments exposés. Mais bien plus qu’une belle histoire d’amour (le couple Virginie Ledoyen / Mathieu Demy est irrésistible) , le film est la photographie d’une époque : les années 1990 avec l’arrivée du SIDA. Les manifestations d’Act Up, les contaminés qui ont peur de crever dans le silence, les amants qui disparaissent alors qu’ils pensaient avoir la vie devant eux. Militant, jamais plombant, ce long-métrage pétillant et ambitieux est le portrait d’une jeunesse qui a envie d’aimer en toute liberté, d’une société de consommation assez absurde, du monde du travail avec ses emplois ingrats et un taux de chômage grandissant. Fantaisiste mais réaliste, universel, Jeanne et le garçon formidable est surtout un film pudique et puissant. Tout y est dit avec la plus grande subtilité. Une réussite pour une oeuvre qui mérite de passer à la postérité.
Film sorti en 1998