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LA BALADE D’IVAN de Claude Chamis : errance et contemplation 

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Avec La balade d’Ivan, le réalisateur Claude Chamis délivre un film d’errance intrigant, contemplatif et poétique. Avec le sublime Aram Arakelyan dans le rôle principal. 

Ivan (Aram Arakelyan), russe exilé à Paris, se retrouve à la rue. Il tente de survivre en faisant la manche mais chaque jour s’avère plus difficile que le précédent. Il finit par fuir la grisaille pour aller vivre l’été dans le bois de Vincennes. Là, il ne fait plus qu’un avec la nature environnante. Il y croise des prostitués, des hommes qui le désirent, des femmes qui le troublent… Alors que l’avenir est incertain, Ivan se souvient par bribes de moments marquants de sa jeune existence. 

la balade d'ivan film

la balade d'ivan film

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Il y a quelque chose d’abstrait, conceptuel, libre, dans ce long-métrage taiseux et poétique rythmé par des fragments de l’ouvrage La Folie du jour de Maurice Blanchot. Evidemment, l’aspect magnétique du projet repose beaucoup sur l’interprétation et la plastique d’ Aram Arakelyan. Sa beauté irrésistible est au service du juvénile et heurté avant l’heure Ivan et elle irradie chaque plan. On a envie de l’aimer, de le sauver, qu’il s’en sorte… même si progressivement « la loi de la jungle » fait qu’il révèle des parts de lui sauvages, dangereuses, condamnables. 

S’il a été présenté par certains comme un film à thématique gay lors de sa discrète sortie en salles, le film ne l’est pas vraiment, du moins pas frontalement. Le personnage d’Ivan est devine-t-on surtout attiré par les femmes même si de nombreux hommes rodent autour de lui. Le filmage en revanche est diablement homoérotique et la caméra est amoureuse de son sujet, le croquant sous tous les angles tout en gardant une certaine pudeur, enveloppant le désir cinématographique d’une certaine douceur. 

la balade d'ivan film

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Il n’y a pas de trame scénaristique classique ici, chaque scène est un peu comme la vie de ce vagabond : les choses surviennent « au jour le jour », scène après scène. Le métrage donne à voir et ressentir la situation particulière d’un jeune homme sans logement qui tente de survivre, parfois de façon violente. 

S’il n’est pas dénué de faiblesses (les interprétations des seconds rôles que croisent Ivan sont parfois maladroites), le film ne cesse jamais vraiment de fasciner notamment grâce à une mise en scène « photographique », belle, inspirée, qui laisse la place aux respirations, à la contemplation. Bien que la toile de fond soit dure et possiblement douloureuse, La balade d’Ivan est aussi une invitation à regarder autour de soi, à retrouver la nature, l’essentiel, à observer lentement la vie qui défile entre beautés simples et cruauté. 

la balade d'ivan film

Cette oeuvre oscillant entre ciel et terre, disposant d’une aura parfois quasi-mystique, fait un drôle d’effet, profondément apaisant (comme une bonne balade dans la nature), parfois perturbant. La vie et la mort s’y entremêlent fréquemment. Ivan avance, comme constamment entre deux forces, sans savoir ce qui peut lui tomber dessus et nous non plus : c’est là le charme singulier de ce film qui échappe aux cases et laisse une belle empreinte. 

Film sorti en 2019 et disponible en VOD (vu sur Vimeo

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3