LA BRUNE BRÛLANTE de Leo McCarey : couple survolté

Leo McCarey, réalisateur de Elle & Lui, réunit devant sa caméra le couple Paul Newman et Joanne Woodward pour la comédie survoltée La brune brûlante (Rally Round the Flag, Boys en VO).

Harry Bannerman (Paul Newman) est un homme pressé malgré lui. Tout va un peu trop vite dans son quotidien et il le regrette. Sa femme Grace (Joanna Woodward) dont il est toujours follement épris, n’a jamais de temps à lui consacrer, trop investie dans la vie municipale de sa petite ville. Impossible de prévoir une petite virée romantique loin des enfants. Et ça ne s’arrange pas quand Grace est désignée pour être au premier plan d’une action contre l’armée qui a choisi de s’installer dans sa bourgade pour un projet top secret. Les habitants de la ville redoutent qu’ils viennent semer le désordre et dévergondent les jeunes filles des environs. Pour l’épauler, Grace désigne son mari, qui travaille dans les relations publiques, pour une mission et espère qu’il arrivera à persuader l’armée à faire marche arrière.

Envoyé à Washington, Harry ne fait pas sensation. En rentrant à son hôtel, il apprend que sa femme lui a fait une surprise et l’attend dans sa chambre. Il est tout content, commande champagne et caviar, se déshabille… Mais il s’avère que c’est sa voisine qui l’attend. C’est la brune brûlante du titre, Angela (Joan Collins). Harry et elle avait flirté alors qu’elle l’avait ramené chez lui un jour et puis ils avaient passé ensemble une soirée très alcoolisée. Embarrassé devant cette femme charmante, pétillante et très aguicheuse (Angela entend le mener à l’adultère et ainsi se venger de son époux, trop absent), Harry titube. Et voilà que Grace entre dans la chambre : elle voulait lui faire une surprise.

Alors que le couple se déchire, la venue de l’armée en ville sème le chaos et va susciter de nombreuses surprises.

C’est un film mineur dans la filmographie de Paul Newman, notamment en raison d’un scénario un peu bancal. Ça part dans tous les sens, c’est ce qui fait le charme du projet mais qui déroute aussi. Le réalisateur Leo McCarey dresse le portrait d’un couple américain typique, marié, avec enfants, dans une banlieue pavillonnaire. Lui est aspiré par son travail, elle est femme au foyer mais happée par ses nombreux engagements dans des associations. Ils n’ont à l’évidence plus d’intimité et n’arrivent pas à trouver le temps pour rallumer la flamme charnelle même si la tendresse entre eux est constante. La voisine, Angela, elle aussi frustrée, est moins patiente et ne va pas hésiter à venir semer la pagaille.

La première partie est emballante avec une véritable folie douce. Le couple Paul Newman / Joanne Woodward en fait des caisses, ils cabotinent et sont cartoonesques à souhait. La séquence où Paul Newman et Joan Collins sont ivres vaut également le détour. On aurait aimé que le film se concentre sur ce trio et l’aspect vaudeville car à chaque fois qu’ils sont à l’écran, on se régale. Hélas la deuxième partie, qui égratigne gentiment une Amérique conservatrice et se moque des forces armées, est un peu plus lourde et passionne peu. Reste le duel entre Paul Newman et Joanne Woodward qui continuent de s’en donner à coeur joie (elle pense qu’il l’a trompé et elle va lui mener la vie dure, lui ne compte pas baisser les bras).

Si l’ensemble a un caractère brouillon, improbable voire carrément « what the fuck » par moments, qu’on regrette que le personnage d’Angela ne soit au final pas plus exploité que ça, La brune brûlante ravira les fans de Paul Newman, toujours aussi beau et délicieux dans ce registre comique où il se lâche complètement. Avec en prime le charme des comédies des années 1950 et une mise en scène pop et colorée.

Film sorti en 1958. Disponible en DVD