FICTIONS LGBT
LA CHANSON DE L’ÉLÉPHANT de Charles Binamé : face au vide
Un hôpital psychiatrique, la veille de Noël. Le Docteur Lawrence a disparu et l’établissement craint le scandale. C’est au Docteur Green (Bruce Greenwood) de mener l’enquête et pour cela il va s’entretenir avec Michael Aleen (Xavier Dolan), un patient particulièrement joueur et tordu qui pourrait bien être le seul à savoir ce qui est arrivé au disparu. Mais plus la discussion avance et plus le psy se laisse submerger par les manipulations du garçon dérangé…
Adaptation d’une pièce de théâtre de Nicolas Billon, La chanson de l’éléphant est l’occasion de retrouver Xavier Dolan en tant qu’acteur. Il apporte beaucoup d’intensité au personnage de Michael, vaguement hystérique, parfois pervers, indéniablement manipulateur. Ce patient qui tient les rênes voit ses fêlures exposées au spectateur petit à petit. Une mère absente, un père traumatisant : il n’en a pas fallu plus pour que le petit garçon craque un jour et se retrouve enfermé.
L’oeuvre est une réflexion verbeuse sur le manque et la perte. Pour Michael, le vide qui dévaste est associé à ses parents quand pour le Docteur Green et son ex femme d’infirmière (Catherine Keener, toujours au top) c’est la disparition d’un enfant qui laisse une blessure jamais cicatrisée. En arrière plan également, une petite fille trisomique que Green a eu avec sa nouvelle compagne (interprétée par Carrie-Anne Moss).
S’il n’hésite pas à creuser profond et jouer sur le malaise, ce long-métrage souffre hélas aussi de quelques longueurs. Le parti pris du huis clos est louable mais il faut avouer que rester 1h50 entre les murs d’un bureau d’institut psychiatrique morose n’est pas particulièrement exaltant. La réalisation est assez élégante sans non plus renouveler quoi que ce soit. Correct, bien articulé, La chanson de l’éléphant souffre de l’absence de ce je ne sais quoi qui fait la différence. Ca ne décolle jamais vraiment malgré un jeu censé mettre les nerfs à rude épreuve. Charles Binamé est peut-être resté trop en surface et certains aspects auraient sans doute gagné à être plus développés (notamment la relation ambigüe entre Michael et le Docteur Lawrence). Un petit effet pétard mouillé en somme.
Film sorti en 2016 et disponible en VOD