FICTIONS LGBT
LE DERNIER HÉTÉRO SUR TERRE de Mark Bessenger : attirés
La nuit de son enterrement de vie de garçon, Cooper (Scott Sell) partage une longue conversation avec son meilleur ami Lewis (Mark Cirillo). Alors que ce dernier lui avoue avoir déjà couché avec un garçon, Cooper se montre particulièrement curieux. La nuit se prolonge, le désir monte : les deux potes finissent par se rapprocher physiquement.
Ce qui n’aurait pu être qu’une simple expérience va se prolonger : malgré son mariage et le fait que son épouse soit enceinte, Cooper donne rendez-vous à Lewis chaque année dans une chambre d’hôtel. L’occasion pour eux de se retrouver et pour l’hétéro de s’adonner à une sexualité gay qu’il avait jusqu’alors refoulée et qui le préoccupe de plus en plus. Au fun finit par se mêler les doutes et la frustration : cette parenthèse charnelle annuelle pourra-t-elle durer inlassablement ?
Avec peu de moyens et deux comédiens très craquants, le réalisateur américain Mark Bessenger exploite à fond la carte du fantasme hétéro avec son film Le dernier hétéro sur terre (The Last Straight Man en VO). La majorité des gays ont pu un jour s’amouracher de leur meilleur ami, quitte à être frustré. On retrouve d’habitude cette thématique dans des films de coming out adolescent. Ici, les deux protagonistes principaux ont la trentaine, l’âge où l’on commence en général à songer à se poser davantage. Cooper a un mariage puis un bébé sur le feu, Lewis, bi devenu gay, est célibataire mais rêve d’une romance comme on en lit dans les livres (avec un dénouement heureux si possible).
Le projet a un goût de déjà vu, ne cherche absolument pas à faire dans l’originalité et dispose d’une réalisation on ne peut plus basique. Quelque chose se passe pourtant bien à l’écran : les deux personnages sont bien écrits, creusés, les dialogues oscillent entre légèreté et sensibilité, les comédiens sont aussi attirants qu’ils parviennent à rendre leur rôle attachant. Petit à petit se déploie une sorte de huis clos fleur bleue, modeste, introspectif, séduisant.
Mais surtout, si le film fonctionne c’est grâce à sa sensualité. On sent le désir monter, les corps de Cooper et Lewis qui s’attirent comme des aimants tout le long du métrage. Visionnage de films adultes gays « entre potes », première expérience, première fois, premier « Je t’aime » : tous les fantasmes d’une relation avec un hétéro « très curieux » sont exploités et Mark Bessenger s’amuse des clichés pour donner lieu à des situations tour à tour drôles, excitantes ou touchantes. 1H50 pouvait paraître beaucoup pour un sujet si rebattu mais on finit bien par ne plus vouloir quitter ces deux garçons dont l’alchimie fait briller les yeux.
Film produit en 2014 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen