LE PREMIER QUI L’A DIT de Ferzan Ozpetek : coming out à l’italienne

Tommaso (Riccardo Scamarcio) est de retour dans sa famille. Alors que tout le monde croit qu’il a fait une fac d’éco, en réalité le jeune homme a préféré suivre en douce des cours de littérature et espère sortir son premier roman. Mais surtout, il a pour projet de faire son coming out. La tâche n’est pas aisée étant donné que sa famille est du genre très traditionnelle et bornée. Il confie son projet (révéler son homosexualité et ses aspirations artistiques) à son grand frère, Antonio (Alessandro Preziosi). Mais alors que l’heure des révélations est arrivée, Antonio lui coupe la parole et fait lui-même son coming out ! La famille est sous le choc, le père fait une attaque et finit à l’hôpital, Antonio prend la fuite. Seul face à une famille désemparée, Tommaso se retrouve pris au piège. Désormais tout le monde compte sur lui pour prendre la relève de l’entreprise de pâtes familiale (dans laquelle travaillait Antonio) et pour assurer la descendance. Va-t-il pouvoir s’en sortir et assumer sa vérité ?

Le premier qui l’a dit est ce qu’on appelle un « film de coming out ». Dans les festivals gays à travers le monde et chez les amateurs de « Gay themed movies » il y a tellement de productions qui parlent de ce sujet que c’est devenu un genre à part entière. Ferzan Ozpetek y apporte-t-il quelque chose ? Oui et non. Le scénario se révèle archi classique, prévisible ; les moments d’émotion sont toujours surlignés par des violons, la réalisation est tout ce qu’il y a de plus classique. Pas vraiment de surprise donc mais curieusement le film fonctionne malgré tout. La raison ? Un véritable charme, le bonheur de tomber sur une comédie italienne qui ,si elle n’est pas particulièrement originale, est en tout cas bien écrite et parfaitement rythmée.

Le charme italien se retrouve bien entendu dans le casting. Riccardo Scamarcio, véritable bombe sexuelle, habite les scènes avec une sensualité vertigineuse. Voir ce playboy dans un rôle de gay un peu lunaire, introverti, c’est un rêve qui devient réalité ! Et le reste du casting masculin ( à un moment donné les amis de Tomasso débarquent dans la maison familiale – sans hésitation les scènes les plus drôles du film) joue à fond la carte du stéréotype gay , quitte à accumuler les clichés (chaque personnage gay est au moins précieux voire très folle) mais aussi propice à nous faire fantasmer (tous les homos ici ont une silhouette d’insta boy).

Ferzan Ozpetek semble soucieux de vouloir dépasser le simple sujet du coming out et livre une réflexion sur les secrets de famille, sur la nécessité de s’assumer, d’aller au bout de ses envies (l’œuvre s’ouvre et s’achève sur le personnage de la grand-mère, femme qui n’a jamais pu avouer à son mari qu’elle était amoureuse du frère de celui-ci). Les ficelles sont grosses, les bons sentiments dégoulinent parfois mais le côté grand public de l’entreprise permet de faire passer un message de tolérance de façon ludique. Le cœur sur la main, Le premier qui l’a dit est bourré de bonnes intentions et réussit le pari du divertissement. Charmant et amusant.

Film sorti en 2010