COURTS
« Le roi qui contemplait la mer » et « Mars exalté » : les songes de Jean-Sébastien Chauvin
Le réalisateur et photographe français Jean-Sébastien Chauvin revient en force au Festival Chéries Chéris 2022 avec deux courts-métrages à thématique gay diablement sensuels et cinématographiques. Quand la contemplation tourne au fantastique ou lorgne vers un caractère hypnotique.
LE ROI QUI CONTEMPLAIT LA MER
Nous suivons ici Ousmane (Loic Djani) qui retourne à Nauplie en Grèce, hanté par le souvenir d’un bel homme barbu mystérieux sur une terrasse (Lefteris Polychronis). L’image est si lointaine, nous dit-on en voix off, qu’il se demande s’il ne l’a pas rêvée. C’est tout le trouble suscité par ce court-métrage aux allures de rêve langoureux, très cinématographique. Alors qu’Ousmane retrouve l’objet de son obsession, ce dernier apparait sublime, irréel, presque spectral.
Jean-Sébastien Chauvin joue avec les frontières entre réalité et fantasme onirique, désir intériorisé au milieu d’un soleil qui brûle la pellicule et magnétisme semi-morbide au coeur d’une nuit envoûtante à l’atmosphère teintée de fantastique. Une oeuvre abstraite, portée par une mise en scène photographique d’une très grande beauté. Etrange dans le joli sens du terme.
MARS EXALTÉ
Pour cet autre court-métrage qui a reçu un Teddy Award à la Berlinale, Jean-Sébastien Chauvin donne l’impression de mettre en image son très beau travail photographique. On retrouve en effet ici plusieurs de ses obsessions : les paysages d’une zone périphérique, le désir pour un corps masculin résolument viril, l’attrait de la nuit et de ses lumières.
Un dialogue cinématographique s’établit entre un dormeur magnétique (Alain Garcia Vergara) et une ville. Pendant que le calme et la magie de la nuit se déploie, le beau dormeur se laisse emporter par les songes. Sueur et gémissements laissent deviner que le garçon est attrapé par une rêverie moite. Les images s’opposent mais semblent en même temps ne faire qu’un alors que le désir monte progressivement. Les opposés (la nuit qui semble froide et la chambre du dormeur où il semble faire une chaleur presque suffocante / le béton « neutre » urbain et l’odeur du corps qu’on a l’impression de sentir) s’entrechoquent de façon suave et s’attirent jusqu’à l’explosion.
Cette rêverie poétique aux allures de transe hypnotique et érotique fait un drôle d’effet et se situe au-delà des mots et de la narration.
Ces deux courts-métrages seront présentés dans le programme « Courts-métrages Gays Hot » du Festival Chéries Chéris, au MK2 Beaubourg à Paris les samedi 19 novembre à 22h10 et samedi 26 novembre à 11h25
