L’ENNEMI NATUREL de Pierre-Erwan Guillaume : enquête de désirs

Un jeune adolescent est décédé à Plouescat, petite ville du Finistère. Accident ou assassinat ? La mère du garçon accuse son ex mari d’être coupable. Il s’appelle Serge Tanguy (Aurélien Recoing) et ne cache pas ses désirs parfois débridés. Le jeune inspecteur de police judiciaire, Nicolas Luhel (Jalil Lespert), part mener son enquête.

Alors qu’il soupçonne Serge Tanguy d’être un pervers dangereux qui aurait également une liaison avec sa fille, quelque chose d’étrange se produit. Père depuis peu, Nicolas semble perdu dans ses désirs. A Plouescat il retrouve la nature et se laisse envahir par des désirs qu’il refoule… Jusqu’où l’enquête l’entrainera ? Quête de vérité pour la justice et pour soi-même…

C’est un polar peu ordinaire que nous propose Pierre-Erwan Guillaume. A la traditionnelle enquête sur un meurtre potentiel se mêle un portrait d’homme en pleine crise identitaire. Nicolas Luhel est comme lui dira l’ex-femme de Tanguy « pas encore fini ». Il va donc plonger au risque de se perdre (ou qui sait de se trouver) dans son enquête annoncée comme perverse. Alors que le personnage de Serge Tanguy s’avère particulièrement complexe, l’inspecteur perd ses moyens. Il dit détester cet homme, ce pervers. Mais chacune de leur altercation témoigne d’une très étrange tension sexuelle.

Un inspecteur qui fantasme sur un criminel potentiel, on a quand même pas fréquemment vu ça au cinéma. Le tout est amené avec beaucoup de subtilité et les désirs ambivalents de Nicolas Luhel troublent le spectateur qui a l’impression, tout comme le personnage principal, de ne pas savoir où il s’embarque. Enquête bien ficelée autant que portrait de désirs parfois jugés marginaux, L’ennemi naturel, comme son titre l’indique, confronte les personnages à leurs désirs, ce que demande, exprime leur corps et qui doit bien contenir des clés sur leur identité.

Dans ce long-métrage qui laisse la nature prendre le dessus ( avec un soin particulier accordé au son), Jalil Lespert se révèle plus sensuel que jamais. Il se donne entièrement à la caméra, livrant une performance très sensible et non dénuée d’érotisme. Un polar à forte charge érotique donc, sur la complexité de l’âme et des désirs humains, qui nous perd avec élégance entre fantasmes, suspicions et réalité.

Film sorti en 2004 et disponible en VOD