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Léo Lalanne nous hypnotise avec son premier EP « Allen »

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Dès les premières notes du morceau d’ouverture de l’EP, Garçon, on comprend que l’on n’est pas en train d’écouter quelque chose d’anodin. Léo Lalanne pose d’emblée un univers, cinématographique en diable et enivrant. Le chanter-parler peut dérouter les premières secondes et puis sans même qu’on finisse même par distinguer le sens des mots, on voyage, très loin. On n’est plus là, on est parti ailleurs. La musique de cet artiste français ouvertement gay et musicalement précieusement inclassable est de celles qui créent une multitude d’images dans nos têtes. Et mine de rien elle se fait de plus en plus rare la musique qui stimule, qui ravive l’imaginaire. Garçon défile tout seul, montée en puissance habile et charnelle, nous guidant vers une drôle de transe. Et cette sensation de transe se retrouve à peu près sur toutes les pistes de cet EP inaugural, confirmant une éclatante maîtrise. 

Articulé autour du poème « Chanson » d’Allen Ginsberg, le titre Allen, se fait plus dansant et électro. Encore une fois il y a ce je ne sais quoi qui déclenche un lâcher prise de l’esprit et du corps. On se voit , brûlant de passion, au milieu de flashs stroboscopiques, perdu et vivant.

La troisième piste répète encore l’exploit. Quelques notes suffisent à nous transcender instantanément alors que s’ouvre Impair. Le texte sensible racontant la relation fantomatique entre un garçon et son père absent est le fil conducteur mais les petites touches à la production d’Apollo Noir (qui fait vraiment ici des merveilles) nous propulsent hors de la réalité. Ces répétitions, ces boucles obsédantes, enivrent et laissent l’ensemble nous prendre pleinement aux tripes. On est vraiment dans l’espace, au milieu des étoiles. Il y a les plaies, la douleur, mais l’impression de rêve est partout.

Après ce trio hautement hypnotique et onirique, les deux dernières pistes déploient un côté plus brut. Comme si on nous interrompait en plein songe en nous secouant, comme un retour au réel où la ville de Londres est territoire de déchéance, de bouleversements, et où les Caïds trouvent une réponse à leur violence homophobe. 

5 titres d’une rare richesse, à l’écriture poétique, portés par le style sensuel et intemporel de Léo Lalanne : cet Allen est un trip, une aventure musicale entre obscurité et chaos, horizons étoilés et souffle de vie. C’est beau, c’est libre, c’est original et ici on ne peut qu’adorer.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3