CINEMA
LES 39 MARCHES de Alfred Hitchcock : seul contre tous
Richard Hannay (Robert Donat) assiste à un spectacle dans un music-hall londonien. Après l’intervention d’un certain « Monsieur Mémoire », une bagarre éclate et sème la zizanie dans le public. Une fois dehors, Hannay croise le chemin d’une mystérieuse inconnue qui lui demande si elle peut venir chez lui. L’homme ne dit pas non. Arrivés à destination, la belle lui confie qu’elle est agent secret et qu’elle est poursuivie par des membres d’une organisation appelée « les 39 marches », cherchant à faire sortir du pays une information confidentielle et de la plus haute importance, pouvant si elle fuitait mettre en péril toute la nation.
D’abord amusé, Richard Hannay va vite comprendre que l’affaire est on ne peut plus sérieuse. Et quand au milieu de la nuit il découvre que la femme qu’il logeait vient d’être assassinée presque sous son nez et que les meurtriers ont levé le camp, il comprend que s’il ne fait rien il sera accusé à tort. Déguerpissant sur le champ, Hannay compte mener son enquête mais ne dispose que de peu d’éléments : il part en Ecosse à la recherche d’un contact. Mais à peine dans le train, il découvre que les forces de l’ordre sont à sa recherche et qu’il est déjà aux yeux de tous un dangereux criminel.
C’est pour lui le début d’une grande aventure dans laquelle il fera la connaissance d’une jolie blonde, Pamela (Madeleine Carroll), qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne lui facilitera pas la tâche….
Libre adaptation du roman éponyme de John Buchan, Les 39 marches est un film particulièrement intrigant et au rythme musclé. Tout s’enchaîne très rapidement et , sans que l’on comprenne vraiment pourquoi, tout peut soudainement basculer, un masque peut tomber. Attention à ne pas se méprendre.
Richard Hannay croit rentrer chez lui en charmante compagnie après une soirée divertissante et se retrouve face à une femme agent secret dont le meurtre finira par lui retomber dessus. Dans le train qui le mène vers l’Ecosse, fuyant la Police à sa recherche dans les wagons, il embrasse une inconnue, Pamela, pour faire diversion. Il lui avoue l’instant suivant pourquoi il tente de se cacher et cette dernière le dénonce sans aucun scrupule.
Arrivé dans la campagne écossaise, Hannay loge chez un homme jaloux et bigot. Apprenant qu’il est recherché, son hôte lui fait croire qu’il gardera son secret avant de marchander avec la police. Plus tard, croyant avoir trouvé le contact qu’il était venu chercher, il se retrouve face à son pire ennemi. Et on ne parlera pas de l’homme auquel il se confiera après s’être miraculeusement échappé et qui ,feignant de l’aider, tentera à son tour de le livrer à la Police. Seul contre tous…
Paysages brumeux, atmosphère de délation : le personnage principal avance dans une aventure périlleuse et s’enfonce de plus en plus, victime de sa crédulité. Comme lui, le public est de nombreuses fois surpris alors que pensant trouver un allié, Hannay se retrouve encore plus exposé au danger. Le scénario fait la part belle à la cruauté ordinaire mais aussi et surtout s’amuse à instaurer des situations délicieusement absurdes.
Ne perdant pas le sens de l’humour malgré tous les faits qui l’accablent, Richard Hannay poursuit sa quête et recroise la délatrice du train, Pamela, qui ne manquera pas d’essayer à nouveau de le couler, persuadée qu’il est coupable. Lorsqu’ils se retrouvent ,suite à un délirant concours de circonstances, menottés et en cavale, ils s’apprêtent à passer une nuit ensemble collés l’un à l’autre et les répliques piquantes fusent. Un duo de cinéma aussi caustique qu’irrésistible.
On notera aussi une certaine sensualité (perversité ?) latente parcourant le long-métrage. Les hommes du train qui parlent lingerie, Hannay qui avec sa petite moustache et son regard légèrement en coin a souvent les idées en dessous de la ceinture (quel agréable moyen de diversion que d’embrasser une belle blonde inconnue – et quel amusement de se retrouver plus tard attaché à elle, surtout quand elle a quelques problèmes de bas…).
Si comme souvent chez Hitchcock le fin mot de l’histoire concernant l’organisation des 39 marches nous importe peu, l’itinéraire du héros et son amour vache avec une femme obstinée font mouche. Joliment décalé et d’une impressionnante fluidité, le divertissement ravit et ne cesse jamais de surprendre.
Film sorti en 1935 et disponible en VOD