LONESOME de Craig Boreham : solitudes croisées

By Gaspard Granaud | 26 novembre 2022

Avec Lonesome, le réalisateur Craig Boreham raconte la rencontre de deux solitudes. Entre errance et romance, un joli film indé sensible. 

Casey (Josh Lavery) débarque à Sydney sans avoir d’endroit où aller. Suite à un scandale (une liaison avec un homme marié qui a très mal tournée), il a fui sa campagne et sa famille (dont un père avec qui les liens sont particulièrement tendus). 

Sans job et sans argent, Casey s’incruste dans des fêtes où il vole à droite à gauche. Aidé par sa plastique avantageuse, il cherche aussi des rencontres sur des applis de drague qui peuvent lui permettre d’à la fois prendre du plaisir, trouver un toit pour la nuit ou un porte feuilles à piller. C’est ainsi qu’il se retrouve dans l’appartement de Tib (Daniel Gabriel). Une rencontre bien hot puisque que quand Casey arrive, Tib est déjà en pleine étreinte avec un autre garçon. Après un plan plutôt hard dans lequel Casey insuffle discrètement de la passion et de la tendresse, les deux garçons se mettent à faire plus ample connaissance. 

Comme Casey, Tib a un historique familial compliqué et vit un peu au jour le jour. L’appartement dans lequel il loge, dit-il, lui est offert en échange d’un bon entretien et pour gagner sa croute il effectue des tâches diverses via une application (jardinage, tâches manuelles et autres). Il propose à Casey de devenir lui aussi un « i-tasker » et de réaliser des missions ensemble. 

Au fil des jours, les deux garçons se rapprochent. Mais le tempérament de Casey, aussi impulsif, colérique que possessif, va petit à petit compliquer les choses… 

À l’évidence réalisé avec un petit budget, Lonesome bénéficie du charme et de la générosité d’un certain cinéma gay indépendant fait avec le coeur. Si le réalisateur Craig Boneham (déjà auteur de Teenage Kicks, petit film sous influence Larry Clark) n’a pas beaucoup de moyens, il ne manque pas d’inspiration et filme joliment de jour comme de nuit la ville de Sidney. Il filme également avec un certain érotisme son personnage principal de bad boy sensible qui aime se balader torse nu avec son petit chapeau de cow boy. 

Minimaliste et touchante, l’intrigue croque avec délicatesse les destins un poil chaotiques de deux garçons marginaux malgré eux, sans attache, ne sachant jamais à l’avance de quoi leur lendemain sera fait. Les deux comédiens Josh Lavery et Daniel Gabriel débordent de charme et livrent une composition pleine d’authenticité. On apprécie aussi beaucoup, outre quelques vignettes homo érotiques, la façon franche avec laquelle le réalisateur raconte la vie sexuelle de ses personnages. Les scènes de sexe ne tournent pas autour du pot, sont parfois assez crues et brutes, mais elles rappellent aussi et surtout qu’aussi hard l’étreinte puisse-t-elle être, cela n’exclut pas des liens de se créer, des émotions autres que les pulsions d’émaner. 

Au coeur de la jungle urbaine, le spleen en bandoulière, nos deux beaux vagabonds cherchent à survivre, à vivre ou retrouver le goût d’un bonheur dont ils ont parfois violemment été privés. Attachant. 

Film produit en 2022 et présenté au Festival Chéries Chéris 2022