FICTIONS LGBT

LOVE ! VALOUR ! COMPASSION ! de Joe Mantello : les amis et la vie

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Etats-Unis, fin des années 1990. Gregory, chorégraphe approchant de la quarantaine, vivant avec son petit ami plus jeune et aveugle Bobby, invite ses amis gays le temps de plusieurs week ends, dans sa maison au bord d’un lac. L’occasion de se détendre mais aussi de délier les langues, de se confronter, faire le point sur sa vie. Il y a John, compositeur mal aimé du groupe, toujours très dur et replié sur lui-même, venu avec son jeune compagnon latino, le sexy Ramon. Il y a aussi Arthur et Perry, couple solide qui ont appris à surmonter leurs différences, et Buzz, éternel célibataire se refusant de désespérer de trouver un jour un homme qui l’aimera tel qu’il est, avec ses formes. Finit également par les rejoindre le frère jumeau de John, malade du Sida. Ces différents week ends, entre amitié et amour, constitueront pour chacun des convives des moments inoubliables…

Adaptation de la pièce culte de Terrence McNally (qui a signé le scénario du film et permis de réunir la majorité du casting original à l’écran), Love ! Valour ! Compassion ! dresse le portrait sensible et attachant d’un groupe de 8 gays confrontés à la vie et ses aléas. Il est assez plaisant de ne pas voir que des canons de beauté à l’écran, des personnages plus proches du réel (des quarantenaires qui ne sont pas tous ultra sexy, juste normaux, avec parfois des problèmes de calvitie ou de surcharge pondérale). C’est à la fois un avantage et un petit défaut car on a par moment la sensation d’être face à une histoire de panels (le gay butch au cœur dur, le nounours complexé qui attend l’amour, l’aveugle qui savoure plus que n’importe quel autre la vie et ses merveilles, le couple uni et solide, le couple en crise, le petit jeunot sexy qui se balade la moitié du temps à poil, l’adorable personnage queer frappé par le Sida…).

Globalement cette adaptation cinématographique est loin d’être exempte de défauts : une mise en scène souvent plate qui donne un cachet de téléfilm ayant assez mal vieilli visuellement, une musique (devenue cheesy) un peu trop présente, des bons sentiments à la pelle, un côté humaniste un peu trop revendiqué et appuyé… Curieusement, l’interprétation n’est pas toujours non plus exceptionnelle. Dans le rôle du jeune aveugle perdu dans ses sentiments, Justin Kirk (d’habitude pourtant excellent) manque parfois de subtilité. Le film, porté par l’aura de la pièce, est devenu culte pour une certaine génération et était assez audacieux pour l’époque, abordant de façon assez douce des thèmes sensibles comme le Sida ou le handicap.

C’est un film finalement assez simple sur la vie et ses épreuves, sur la difficulté d’entretenir son couple, de trouver l’amour, de s’aimer soi-même, de prendre chaque jour comme une bénédiction malgré le négatif. Et c’est surtout une belle histoire d’amitié. Quitte à tirer un peu trop sur la corde sensible, le réalisateur Joe Mantello nous donne une jolie leçon de vie.

Film produit en 1997 et disponible en DVD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3