CINEMA
LOVE (Women in love) de Ken Russell : passion et cruauté
Adaptation de Femmes amoureuses de DH Lawrence, Love de Ken Russell suit les trajectoires de 4 personnages en quête d’amour et de sens dans la Grande-Bretagne des années 1920. Intime, intense et audacieux.
Grande-Bretagne, années 1920. Ursula (Jennie Linden), institutrice, et sa soeur Gudrun (Glenda Jackson), artiste, sont deux jeunes femmes indépendantes qui détonnent dans cette époque où les garçons et les filles songent plutôt à faire des mariages. Elles aiment assister à des cérémonies mais ne croient pas vraiment au couple éternel. Elles traînent dans les fêtes mondaines de leur petite ville en espérant tout de même, qui sait, trouver l’amour.
Leur trajectoire croise celle de Rupert (Alan Bates), inspecteur d’académie, et Gerald (Oliver Reed), son meilleur ami qui est un riche industriel. Le temps passe et les couples se forment : Rupert sort avec Ursula et Gerald avec Gudrun. A la passion s’entremêle rapidement les doutes pour ces jeunes gens beaux et intenses qui rêvent d’absolu, de liberté et de vérité.
Les récits qui traitent de la confusion des sentiments et de l’énigme intemporelle que constitue le couple sont nombreux. Avec Love (Women in love en VO), le réalisateur Ken Russell y apporte un regard très personnel, singulier et sans concession. Ses 4 personnages, campés par des acteurs magnifiques, sont tous passionnés et vont avoir vite fait de se consumer les uns les autres. Plus que jamais, on ressent ici toute la beauté, l’ivresse de l’amour mais aussi toutes les angoisses qu’il peut générer. Car on sait qu’il n’est jamais assuré que ça dure et que chaque individu même s’il est épris peut à un moment se sentir enfermé, en cage.
La quête sentimentale des deux soeurs et des deux meilleurs amis relève presque du mystique. La mise en scène, très poétique et physique, rend palpable cette drôle de sensation qu’est celle de baisser la garde, de se donner à quelqu’un, de s’imbriquer, se laisser envahir. On oscille entre rêve, réalité et cauchemar. Être en couple c’est ne plus être seul, c’est être deux, un tout parfois, des alliés mais aussi des adversaires. Petit à petit, tout est remis en cause dans un ballet des corps enivrants qui ne manque pas dans sa dernière partie d’une certaine cruauté.
Quand on n’attend que l’amour, le vrai, le grand, peut-on être un jour satisfait ? Si on ne l’est pas, on a vite fait de céder à l’autodestruction, la violence, le désespoir et de possiblement entraîner l’autre dans notre chute. Love marque par ses plans à la beauté étrange, primitive, sensuelle et vénéneuse. Les scènes d’intimité sont d’un érotisme électrisant et alors que l’histoire analyse dans détour deux couples hétéros différents plane en arrière-plan le désir refoulé de Rupert et Gerard. Un summum d’homoérotisme est atteint dans une scène de lutte entre les deux hommes, dans le plus simple appareil, devenue culte, et qui renverse encore des décennies plus tard par sa force.
Film sorti en 1969 et disponible en DVD