MA VRAIE VIE À ROUEN d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau : découverte filmée

Etienne (Jimmy Tavares) est tout fou : sa grand-mère lui a offert une caméra DV. Il va alors pouvoir filmer son quotidien durant plusieurs mois. Ses entrainements de patinage artistique, les confidences de son séducteur de meilleur ami, sa maman (Ariane Ascaride), sa grand-mère, son professeur qui pourrait être le nouveau compagnon de sa mère (Jonathan Zaccaï) : tout y passe ! L’entourage est à la fois déstabilisé, amusé, puis agacé par l’intrusion de cette caméra dans leur quotidien. En filmant les autres et lui-même, Etienne fait la photographie de sa vie. Une vie à un tournant, à l’âge des premiers désirs…

Pour Ma vraie vie à Rouen, Ducastel et Martineau tentent l’expérience du journal filmé. Totalement fictionnel, ce projet nous plonge dans le quotidien d’un jeune homme qui cherche ses marques. Campé par l’acteur débutant Jimmy Tavares, le personnage d’ Etienne est particulièrement attachant , spontané. La caméra subjective permet de réellement s’identifier à lui et de partager ses petites obsessions, ses doutes.

Attachant est d’ailleurs le qualificatif qui sied le mieux à ce long-métrage atypique. Les liens mère-fils, grand-mère-petit fils sont décrits avec beaucoup de justesse et de naturel. Toujours pudique, le film dévoile progressivement une sensibilité à travers ce regard d’adolescent curieux. Etienne filme beaucoup un de ses professeurs qui incarne à la fois pour lui un potentiel père de substitution et un fantasme. Celui de l’homme tendre , sexy et rassurant. Car on le sent, Etienne est titillé par ses premiers désirs. Des désirs qu’il refoule et qu’il va apprivoiser caméra à la main.

Faussement anecdotique, Ma vraie vie à Rouen est un portrait personnel , habité et universel de l’adolescence et l’acceptation de soi.

Film sorti en 2003