FICTIONS LGBT
MES PROVINCIALES de Jean-Paul Civeyrac : amours et cinéma
Vous aimez les films de la Nouvelle Vague dédiés aux histoires d’amour ? Ce film de Jean-Paul Civeyrac pourrait grandement vous plaire. On est en plein dans le cinéma d’auteur français : phrasé iréel, des personnages qui passent leur temps à parler d’idéaux et de cinéma ou à faire l’amour en noir et blanc. Haters gonna hate mais ici on adore ça !
Le film suit la trajectoire d’Etienne (Andranic Manet) qui monte à Paris pour faire des études de cinéma à l’université. Il laisse derrière lui sa petite amie Lucie (Diane Rouxel) avec laquelle il pense pouvoir entretenir une relation à distance. Mais il va vite comprendre que dans la capitale, la tentation est partout et la fidélité pas si évidente. C’est qu’elles sont attirantes et obsédantes, les parisiennes ! A commencer par la libre et taquine Valentina (Jenna Thiam), colocataire d’Etienne avec laquelle un subtil jeu de séduction s’instaure. Et puis il y aura bientôt Annabelle (Sophie Verbeeck), Barbara (Valentine Catzéflis)… Avec certaines la magie opère, avec d’autres le rêve reste insaisissable ou la frustration guette…
Si l’amour et les filles jalonnent le quotidien de notre héros rétro, c’est bien l’amour du cinéma qui le fait vivre. A l’université, Etienne se lie d’amitié avec deux autres aspirants réalisateurs : Jean-Noël (Gonzague Van Bervesselès), gentil garçon qui va tomber amoureux de lui, et Mathias (Corentin Fila), un puriste qui ne fait aucune concession et qui est bien plus torturé qu’il n’en a l’air. Tous vont mettre leurs rêves et leurs idéaux au défi de la vie, du réel. En se cassant parfois les dents, en doutant. Car la soif de cinéma ne suffit souvent pas à aller au bout de ses ambitions…
« Mes provinciales » séduit rapidement par son aspect hors du temps, suspendu, rêveur et obsédant. Jean-Paul Civeyrac capte quelque chose d’universel, de beau et de rare d’une certaine jeunesse parisienne cinéphile qui ne s’exprime qu’en parlant d’art et de films. Les personnages aspirent tous à un absolu mais ils ne sont plus des lycéens : ils voient bien que la réalité ne fait pas de cadeau, que la tentation du compromis ou du renoncement rodent. Comment avancer en restant fidèle à soi-même, sans tricher ou trahir ?
Porté par une troupe de jeunes comédiens attachants et magnétiques, ce long-métrage nostalgique ne manque pas de poésie que ce soit dans son écriture référencée et sensible ou par sa mise en scène ponctuée de moments de grâce. Aux envies de changer le monde, de mener une existence pleine de sens, de laisser une trace, s’opposent les dilemmes sentimentaux, les relations amicales et sentimentales inégales voire torturées. On en ressort comme en émergeant d’un rêve.
Film sorti le 18 avril 2018
LE CRUSH DU FILM
Dans le rôle de Jean-Noël, Gonzague Van Bervesselès est tout choupinet. Amoureux transi du personnage principal, il reste toujours près de lui, aimant, serviable, quitte à toujours être au second plan. Un protagoniste sensible et attachant. Avouons que cela fait plaisir de voir un personnage gay dans un film à l’allure Nouvelle Vague, cette période du cinéma français ayant rarement été LGBT friendly à notre grand regret.