Mister Lies, Mowgli : émotions parallèles

C’est peu dire que l’américain Mister Lies avait suscité la curiosité avec son titre down tempo I walk. On y percevait un univers envoûtant et sensuel, d’une élégance folle. Nous le retrouvons aujourd’hui avec ce premier album, Mowgli, s’ouvrant sur l’instrumental et calme Ashore. Répétitif et délicat, le morceau suit tranquillement sa route avant de surprendre dans sa dernière minute, faisant péter les claviers. Comme une petite sieste brutalement interrompue, comme si subitement on se retrouvait électrisés, appelés vers une dimension parallèle. Les morceaux de ce premier disque aux influences trip-hop et quelque part entre l’électro, la pop et le dubstep, sont de véritables rêves, parsemés de sons et de créatures étranges. Dionysian se lance ainsi plutôt doucement, avec son sample hip hop vintage, ses petits beats comme des caresses. Et tout d’un coup une voix trafiquée, grave, ouvre une nouvelle porte vers des sonorités plus électroniques. La machine s’emballe, palpitations, puis on redescend… Enchaînement fluide avec Align, plus lascif et dansant. Reste une véritable étrangeté, des fantômes qui grondent au loin, des souvenirs qui nous rappellent.

Chaque piste se révèle être une sorte de petite histoire abstraite, laissant naître de multiples fantasmes, affectionnant les émotions contradictoires, les retournements de situation. En témoigne l’une des pièces-maîtresses de l’album, Lupine, avec sa voix féminine haut perchée, fredonnant ou gémissant selon l’humeur, nous entraînant en pleines montagnes russes. Après l’interlude Canaan, se dévoile la ballade électro Ludlow, évoquant la beauté des titres mélancoliques de Röyksopp. Hounded, autre moment de bravoure, prend pour sa part instantanément aux tripes. Une force noire qui travaille au corps alors que la brume envahit le cerveau. Atterrissage avec Trustfalls, huitième et (déjà) dernier morceau. L’expérience est courte mais dense, surprenante à la première écoute et de plus en plus obsédante.