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Mohini Geisweiller, Event Horizon : pistes noires
On peut lire de nombreuses choses sur le net au sujet de Mohini Geisweiller, ancienne chanteuse de Sex in Dallas. Qu’elle a grandi dans une secte, qu’elle a eu une période légèrement « no limit » faite de soirées endiablées avec les défonces diverses qui vont avec.Une jeune femme à priori tourmentée et mystérieuse qui sort en ce début d’année un premier album à la fois étrange et entraînant, Event Horizon. Le premier morceau se dévoile. Ca s’appelle Raw Forms et c’est d’une incroyable mélancolie. Synthés glacés, voix quasi-robotique. On a comme l’impression à l’écoute de tout le disque que l’artiste se rapproche d’un fascinant et dangereux trou noir. Equilibre fragile.
Si comme beaucoup de premiers essais tout n’emballe pas forcément, on trouve ici de véritables merveilles à l’image d’un Milk Teeth solitaire et déchirant. Le monde pourrait s’écrouler alors que se déploie cette mélodie minimaliste et paraissant pourtant si dense. Il y a un véritable univers, assurément dark, vénéneux. Comme les titres les plus tristes de Röyksopp, évoquant la voix de la chanteuse d’ Ivy qui serait pour le coup en plein bad. Toward obsède, l’instrumental Tête d’or nous fait justement tourner la tête entre magie et désillusion. Pas frileuse, Mohini Geisweiller chante par exemple en français pour le titre Systole, Diastole où elle parle d’insomnies, de rues désertes…Nul doute qu’avec cet album la chaleur des beaux jours semble lointaine. Une musique idéale pour perdre son regard dans le vide ou fixer le plafond un lendemain de cuite. Déprimant ? Peut-être. Mais dans cet horizon contrarié apparaît parfois un peu de lumière au milieu du désespoir (Paris 2013 ; Random). Un voyage faussement calme, assurément perturbant qui a tout pour séduire sur la durée.