OTHER PEOPLE de Chris Kelly : un trentenaire gay au chevet de sa mère malade

C’est un de ces drames indépendants américains qui vous touche en plein coeur par surprise. « Other People », servi par une troupe de comédiens très émouvants et un scénario subtil et intelligent est une belle découverte qui pourrait bien vous arracher quelques larmes…

On y suit David (Jesse Plemons), écrivain / scénariste qui a connu de jolis succès (comme collaborer au Saturday Night Live) mais qui se retrouve dans une mauvaise passe. Son dernier pilote de série ne s’est pas vendu, il est sur un nouveau projet mais a peur que ça ne fonctionne pas. Les choses ne vont pas fort non plus avec son compagnon, Paul (Zach Woods), et la séparation est déjà à moitié consommée. Mais David n’a pas le temps de se lamenter : il va passer pratiquement une année à Sacramento pour être aux côtés de sa mère, Joanne (Molly Shannon), qui est malade. Un cancer la condamne et il n’y a plus grand chose à faire. Le temps est compté et toute sa petite famille est auprès d’elle.

Les jours, semaines et mois défilent et pour David c’est un peu un challenge de chaque instant. Il est à un point où il ne sait plus où il en est, où tout autour de lui s’effondre et où son repère maternel est en train de s’évaporer. Entre instants de vie chargés d’humour, moments de vie et de bonheur imprévisibles et passages très difficiles à supporter, David et les siens s’embarquent pour de véritables montagnes russes émotionnelles. Cette période marquante et éprouvante sera aussi l’occasion pour David de se confronter aux siens et en particulier à son père (Bradley Whitford) qui a encore bien du mal à accepter l’homosexualité de son fils…

Porté par Jesse Plemons et Molly Shannon, « Other People » est poignant dans sa façon de raconter le processus douloureux d’un garçon qui accompagne sa mère alors que, victime d’un cancer, elle voit son corps se détériorer et la fin arriver. La première partie du métrage pose les jalons de la crise existentielle qui habite le personnage de David. Il ne va pas bien mais il ne peut pas en parler car des choses plus graves se trament. Mais la seconde partie, vraiment très belle, sera l’occasion de mettre les choses à plat, de voir l’essentiel et de regarder la vie, l’avenir, différemment.

Le personnage principal évite les clichés (pour une fois qu’un personnage gay n’est pas un playboy sportif, on se réjouit) et est d’un naturel touchant. On aime la façon qu’a le réalisateur Chris Kelly de raconter son quotidien, son intimité, ses doutes. C’est un beau portrait de famille, sur les douleurs et les forces de celle-ci. C’est aussi, plus largement, une belle réflexion sur l’existence, ses défis, sur comment rester droit face à l’adversité, l’inéluctable. Plus « Other People » avance, plus il gagne en profondeur et en émotions jusqu’à de derniers instants franchement bouleversants. Bien évidemment, la relation mère-fils est au coeur de ce métrage doux-amer et universel et réserve des passages très forts. C’est un film qui au-delà de son sujet difficile et lourd de sens fait du bien.

Film produit en 2016 / Disponible sur Netflix