EP
Pagan Poetry, The Unseen : les jolis sorts de Nathalie Réaux
Amoureuse de Björk, Nathalie Réaux a choisi le titre de l’une de ses chansons comme nom de son nouveau projet. Voici donc Pagan Poetry, aventure musicale à l’élégance qui n’est pas sans évoquer certaines bandes-originales de films. Ce n’est pas un hasard : le single mis en avant pour la sortie du premier EP, The Unseen, s’intitule Another Earth (un clin d’oeil au film de Mike Cahill) et l’artiste est une mordue de BO. S’il fallait coller quelques étiquettes, on dirait qu’on pense à la première écoute à un drôle de mélange entre la Björk des débuts, Goldfrapp ou encore Alice Lewis. C’est dense, ensorcelant et puissant. Le passionné Another Earth nous emporte bien ailleurs, dans univers non défini dont le décor serait à dessiner avec son imagination, au fil des sons joueurs. Le morceau The Unseen s’amuse lui aussi à nous égarer, à nous laisser aller vers l’invisible, non sans mélancolie. C’est un disque parfait pour la nuit. Des images diverses nous viennent instantanément en tête à son écoute : de la brume, des grottes, des lumières scintillantes…
On pouvait imaginer Pagan Poetry comme l’oeuvre d’une jeune femme un peu sombre, très réservée. Piqué de curiosité, j’ai répondu à l’appel d’un concert dans un lieu « secret » comme elle se plaît visiblement à en organiser fréquemment. On arrive dans la pièce d’une petite maison en plein Paris, mise à disposition pour l’occasion. Nathalie Réaux gère l’accueil, parle à son public comme à des amis, les considérant comme des compagnons de rêverie, fait de drôles de transitions un peu naïves entre les morceaux. Une générosité et une fraîcheur qui étonnent un peu alors que sa musique est si mystérieuse et sophistiquée. Sur scène, la candeur se mêle aux morceaux aux allures de sorts enivrants. Les pistes de The Unseen sont joliment réarrangées, aux envolées vocales se substituent la grâce d’un violon ou d’un violoncelle. C’est à la fois aventureux, inspiré et limpide comme une bonne chanson pop. On se laisse bercer, on s’abandonne… Un disque dans lequel il est vivement conseiller de se perdre.