Paradis signe le plus bel album français de l’année avec « Recto Verso »

C’est peu dire qu’on en attendait beaucoup, du premier album de Paradis. Le single « Garde le pour toi » est peut-être l’un des plus beaux morceaux français de la dernière décennie et tous les autres qui précédaient cette première galette n’ont fait que renforcer l’addiction, l’attente.

Dès son ouverture avec le somptueux « Instantané », le duo pose les bases d’une aventure pulsionnelle et lumineuse. La signature de Paradis, le mélange périlleux et au final magique d’électro, de pop et de chanson française voire de variété, éblouit plus que jamais et la première écoute du disque suffit pour comprendre qu’on a dans les oreilles quelque chose de grand. Il émane une infinie beauté de cet ensemble risqué. Les paroles simples et limpides, la voix un poil fragile : on est toujours au bord du kitsch, de la mièvrerie, de la pose… mais la formation ne tombe jamais dedans et surprend en permanence. Et c’est en n’ayant pas peur de se dévoiler, de se mettre en danger, que les deux garçons finissent par toucher la grâce.

Les paroles jouent la carte de l’intime, du rapport à soi dans un monde où tout va trop vite. Les nuits s’enchaînent, la passion nous harponne mais la peur du vide et de l’abandon est constante. « Recto Verso » aligne avec une aisance déconcertante les pistes entraînantes, à la fois épurées et sophistiquées, avec des paroles qui restent très vite en tête et dont l’effet quasi hypnotique procure le besoin de fredonner.

Le morceau « Recto Verso », « Toi et moi », « Mieux que tout », la reprise de « Paradis » de Chamfort et « De semaine en semaine » donnent envie de danser, sentent bon l’amour, la soif de vivre malgré les blessures multiples. « Quand tu souris » est d’une sensualité troublante, « Miroir » (Un) nous donne sacrément l’envie de chialer, « Contours » et « Chacun pour soi » ferment la marche des titres plus « down tempo » et ultrasensibles avec brio.

Pas une seule chanson n’est à jeter, tout captive et la puissance de l’ensemble se décuple au fil des écoutes. De la première à la dernière piste, un véritable chemin parcouru pour l’auditeur, bourré d’émotion, d’envie de danser, d’aimer et ce malgré tous les obstacles. Si on tombe amoureux de « Recto Verso », c’est aussi et surtout parce qu’avec ses envolées synthétiques et rêveuses il nous procure la sensation d’un câlin géant, comme celui d’un meilleur ami qui nous comprend mieux que personne. Must have absolu.