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Paulo Transpire, J’arracherais bien : les (belles) histoires du rock vagin
Originaire de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), la petite bande de Paulo Transpire vient de sortir un premier album autoproduit, J’arracherais bien. Consciente du caractère hybride de sa musique, la formation a fini par la décrire comme du « rock vagin », histoire de mettre tout le monde à l’aise. Un disque, 10 pistes, portant toutes des prénoms de filles, renvoyant à différentes obsessions et univers. L’ouverture se fait sur Thérèse, paroles françaises, un chant direct, brut, comme l’impression qu’un personnage se présente à nous, complètement à poil, avec une sincérité désarmante. La mélodie est un joyeux bordel organisé, plutôt tendance rock mais avec une vraie sensibilité pop. Ce qui séduit dans ce premier album, c’est aussi bien sa fraîcheur que sa capacité à transmettre avec émotion des histoires à la fois intimes et universelles sur une petite musique imparable (histoire d’une rupture sur le titre à vif et un peu énervé Jackie, l’obsession autour d’une jolie fille ambiguë sur l’intense ballade Marie, une déclaration passionnelle le temps de la puissante et mélancolique Joséphine, un registre à la fois cruel et amusant sur le thème de l’amour non partagé avec une certaine Ursula). On passe de sonorités rétros et punk (Corinne) à une parenthèse folk en anglais (Anne). Quand le groupe change de langue, il n’hésite pas à délaisser son côté intimiste pour quelque chose d’un peu plus fou et sophistiqué (une Janine, rock et maîtrisée ; une entêtante Fanny).
C’est un album qui, sans que l’on comprenne toujours pourquoi et comment, touche en plein cœur. Ca s’écoute et ça se vit, ça renvoie à des choses que l’on a tous connu, que l’on soit une fille qui aime les filles, un garçon qui aime les filles, un garçon qui aime les garçons… Si ça transpire ici, c’est d’amour et de plaisir, toutes les chansons parvenant à nous accrocher, à nous entraîner dans un récit, un petit monde au féminin où les larmes peuvent aussi souvent couler. Ca se raconte, ça crie, se lamente, pleure, se bat, se réjouit. Les voix alternent ou se mélangent comme sur la superbe conclusion, Mélissa, faussement minimaliste avec ses claviers naïfs et romantiques avant de tourner à l’explosion. Les textes transpercent, c’est plein d’honnêteté et c’est beau. Bandcamp de Paulo Transpire.