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PLAYDURIZM de Gem Deger : la fuite du labyrinthe onirique

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Premier long-métrage de Gem Deger, Playdurizm est une proposition de cinéma originale et électrisante de celles qui ne laissent pas indifférent (et qui peuvent aussi du coup être clivantes). Un trip entre désir, traumas et violence sanglante. 

Demir (Gem Deger), jeune homme taciturne tout juste sorti de l’adolescence, se réveille un jour dans l’appartement du bel Andrew (Austin Chunn). Un homme barbu sexy qui le fait à l’évidence hautement fantasmer. Mais Andrew est hétéro et en couple avec Drew (Issy Stewart) qui se révèle très possessive et possiblement malveillante à l’égard de Demir. 

Le fait est que Demir ne comprend pas trop ce qu’il fait dans ce bel appartement design, coloré et un peu irréel , à vivre avec ce couple à la beauté formatée, hollywoodienne. Drew pense qu’il ment quand il dit être victime d’amnésie mais personne ne lui explique clairement pourquoi Andrew l’a recueilli chez lui. 

Plus les jours passent, plus les choses dégénèrent et la réalité se met à ressembler de plus en plus à une oeuvre de série z. Fantasmes tordus et possiblement destructeurs, pulsions meurtrières : une spirale obsessionnelle et infernale se déploie, en écho à une autre réalité qui se prépare à éclater. 

playdurizm film gem deger
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Entre quelques références au cinéma de genre, à l’oeuvre de David Cronenberg et à l’art de Francis Bacon, Gem Deger impose un univers singulier avec ce premier film qui a le mérite de secouer. On pénètre dans Playdurizm comme dans un étrange rêve (ou cauchemar) et on se laisse aller, déambulant aux côtés du personnage principal comme dans un labyrinthe fait de désirs et d’obsessions. 

La caméra épouse les pulsions et le regard de Demir faisant d’Andrew, incarné par le sexy Austin Chunn, un fantasme total et inaccessible au coeur d’un monde chaotique et de plus en plus menaçant. Au-delà de la référence à Cronenberg, dont le Videodrome est cité de façon appuyée, on pense ici pas mal à Mulholland Drive. Car si l’on est loin de tout comprendre dans un premier temps, de multiples indices abondent pour nous laisser entendre que dans cet appartement flashy le rêve pourrait être le dernier refuge face à une réalité déprimante, glauque, voire tragique. 

playdurizm film gem deger
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Transpirant l’amour pour le cinéma de genre et le cinéma bis voire z (quitte à en prendre parfois les allures et pouvant du coup paraître malade / maladroit / un peu brouillon), ce premier long-métrage a pour lui le charme du cinéma undergound, la forte personnalité d’un jeune cinéaste affranchi et quelques idées de mise en scène qui ne manquent pas de secouer (on retiendra notamment une scène d’amour gay épique et sanglante ou une dernière partie d’une noirceur apte à marquer au fer rouge). 

Ce n’est pas un cinéma confortable, ça ne cherche jamais à l’être – bien au contraire – et c’est ce qui fait le charme de ce Playdurizm perturbant, insolent et en même temps complètement à fleur de peau. Derrière la violence, il y a le désespoir, la solitude et l’impuissance d’un jeune gay qui se réfugie dans les films et dans son amour pour un bellâtre alpha hollywoodien afin de s’extirper d’une réalité cauchemardesque.

playdurizm film gem deger
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Ludique et tortueux, sorte de train fantôme baigné d’un homo-érotisme qui ne manque pas de titiller : une première oeuvre assurément prometteuse qui impose Gem Deger en grande curiosité, le garçon faisant ici des étincelles aussi bien derrière (comme réalisateur et scénariste) que devant (il campe avec brio le personnage principal) la caméra. 

Film produit en 2020 et disponible en DVD et VOD (je l’ai pour ma part loué sur Orange) 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3