FICTIONS LGBT
Please like me, saison 1 : la série gay décalée
Heureuse découverte tardive que cette série australienne dont la diffusion a commencé en 2013. Please like me, c’est le récit tragi-comique et volontairement absurde du quotidien de Josh (Josh Thomas), adolescent au physique ingrat. Le pilote le présente, savourant une glace avec sa très jolie petite amie Claire (Caitlin Stasey). Cette dernière rompt avec lui et lui explique qu’elle pense qu’il est gay. La journée qui suit, alors qu’il va rendre visite à son meilleur ami Tom (Thomas Ward), Josh tombe nez à nez avec le séduisant minet Geoffrey (Wade Briggs). Le beau gosse s’invite le soir-même à une soirée en compagnie des deux acolytes. Et voilà que Tom se lance dans une vaste entreprise de séduction vis à vis de Josh. Ce dernier a du mal à croire qu’un si beau mec le drague. Il est à peine en train de réaliser que Claire avait peut-être raison et qu’il est bien gay qu’il est déjà dans un lit avec un véritable Adonis. Et le lendemain, Tom devient son « petit ami ».
C’est peu dire que Josh Thomas, rôle principal et créateur de cette série dont la première saison est composée de 6 épisodes d’un peu moins de 30 minutes, maîtrise l’art du décalage. Même si vous n’êtes pas un grand amateur de comédie, Please like me risque de vous procurer des crises de fous rires inespérées. Suivre le quotidien de Josh, c’est comme pénétrer dans une sorte de réalité déformée. Les personnages ont toujours la réplique qui tue et ont le chic pour se retrouver au coeur de situations improbables. Pourtant, tout sonne très vrai et ,en jouant sur l’absurde, le scénario amène à interroger le rationnel, la norme, les conventions. Comme dans beaucoup de séries pour ados, le coming out du protagoniste principal aurait pu donner lieu à des passages douloureux et surlignés. Ici, les réactions de l’entourage de Josh face à la révélation de son homosexualité donnent naissance à des scènes absolument délirantes et savoureuses.
Chaque épisode, parfaitement rythmé, fait la part belle à toute la bande d’excellents comédiens qui composent le casting. Personne n’est laissé de côté, chacun à droit à son passage jubilatoire. Avec une belle subtilité, le show se moque des clichés et des convenances. L’embarras de Josh qui ne sort qu’avec des bombes sexuelles alors qu’il a conscience de ne pas avoir été particulièrement gâté par la nature, les remarques cinglantes de ses proches, la façon qu’a chacun de percevoir son homosexualité…
Si tout le monde fait en permanence de l’humour, Please like me parle mine de rien de personnages névrosés, effrayés par l’idée de la solitude. Ainsi Josh fait-il des va-et-vient avec le doux Geoffrey quand il se sent plus ou moins bien. Ses parents sont séparés. Sa mère (excellente Debra Lawrence) a fait une tentative de suicide au Doliprane et est condamnée à rester cloîtrée chez elle sous la surveillance de sa grande tante bigote. Son père tente de refaire sa vie avec une thaïlandaise, Mae (délirante Renee Lim), de se prouver qu’il a bien fait de divorcer alors qu’il n’y croit pas une seconde.
Rupture, mort, confusion des sentiments, peur de l’exclusion et dépression sont au cœur de cette première saison irrésistible, d’une force comique qu’on avait pas eu l’occasion de savourer depuis longtemps. C’est surprenant, réglé comme une intense et perpétuelle partie de ping pong, déjà plein de scènes cultes (Josh qui coache sa mère alors qu’elle décide de se mettre aux rencontres par Internet, les humiliations de l’imbuvable personnage de Niamh…). L’humour est noir et mordant, l’émotion surgit toujours quand on ne s’y attend, l’ensemble est tellement attachant qu’une fois le visionnage achevé on a qu’une envie : tout se repasser. La saison 2 débarque en cette année 2014 en Australie. Bonheur.
Please Like me n’est à l’heure de l’écriture de ces lignes pas encore diffusée en France / En cherchant sur le net, faute de mieux, on peut la trouver sans trop de difficultés…