CINEMA
PUPILLE de Jeanne Herry : le parcours de l’adoption
Avec Pupille, Jeanne Herry signe un joli film français qui explique avec émotion et beaucoup de pédagogie le long parcours que peut représenter une adoption à travers plusieurs regards. La mise en scène simple est transcendée par une bande de comédiens tous parfaits dans leur rôle.
Une jeune étudiante accouche légèrement en catastrophe à l’hôpital. Elle fait de suite savoir au personnel qu’elle ne veut pas garder son bébé. Après un entretien avec une assistante sociale, la procédure est lancée. Le nouveau né, appelé Théo, va être placé dans un foyer d’accueil tenu par Jean (Gilles Lellouche). Ce dernier va s’occuper du nourrisson le temps qu’il soit prêt à être mis à l’adoption. Une nouveauté pour lui qui accueille d’habitude des adolescents. Il est épaulé dans cette tâche par Karine (Sandrine Kiberlain), une amie de longue date qui travaille aussi avec des enfants abandonnés et prend son boulot très à coeur.
Les choses ne sont pas très simples pour le bébé qui a l’air chamboulé et qui témoigne d’une quiétude un peu alarmante. En parallèle, nous suivons la trajectoire d’Alice (Elodie Bouchez) qui essaie d’adopter depuis plusieurs années. Elle a subi un véritable parcours du combattant, elle devait adopter en couple et elle est désormais seule. L’espoir subsiste malgré les épreuves. Nous suivons enfin une partie du quotidien de ceux qui rencontrent les personnes souhaitant adopter et essaient dans la mesure du possible de décider qui peut le mieux ou non accueillir un enfant chez eux.
C’est un film intéressant car il montre vraiment de nombreux aspects, parfois complexes, relatifs au processus d’adoption. On apprend des choses, c’est d’une précision quasi-documentaire. Parfois peut-être trop dans le sens où le caractère informatif s’accompagne de protagonistes peut-être un peu lisses (le personnel hospitalier et les professionnels sont tous montrés sous leur meilleur jour – cela dit une vision positive et pleine d’amour fait du bien en ces temps moroses). On se laisse en tout cas emporter par l’histoire grâce aux comédiens qui ont une belle matière pour incarner des personnages attachants.
Gilles Lellouche en père de substitution en mode nounours affectueux, Sandrine Kiberlain qui passe son temps à manger des chewing gums et des bonbons pour palier au mal-être et à la solitude profonde de sa vie affective, Élodie Bouchez en aspirante mère très nerveuse… S’il y a bien une chose que réussit Pupille, c’est faire ressentir la beauté du sentiment de parentalité. Le petit bébé abandonné passe entre plusieurs bras et fait ressortir toute l’humanité de chacun. De là à ressortir ému de la salle de cinéma, il n’y a qu’un pas.
Film sorti le 5 décembre 2018