FICTIONS LGBT

QUEER AS FOLK UK de Russell T. Davies : histoires gays

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C’est LA première grande série gay de l’Histoire de la télé. Queer as folk, version anglaise, a été une véritable révolution et a marqué plusieurs générations avec son trio iconique et inoubliable.

Manchester, fin des années 1990. Stuart (Aidan Gillen) est de sortie avec son meilleur ami Vince (Craig Kelly). Ils passent leur temps à aller de soirée en soirée dans le quartier gay. Si Stuart est connu pour accumuler les conquêtes, Vince, bien plus timide, passe son temps à contempler son ami dont il est légèrement amoureux en secret.

Un soir, leur univers bascule. Déjà parce que Stuart va être père : il a fait un enfant avec une amie lesbienne, Romey (Esther Hall). Mais le jeune trentenaire sexy et plein aux as qui a réussi dans le milieu de la pub fait surtout la rencontre d’un beau blond, Nathan (Charlie Hunnam) qui va lui coller aux basques. Le lendemain d’une nuit complètement survoltée Stuart découvre que son bel amant, qu’il compte éconduire plus ou moins poliment comme tous les autres avant lui, n’a que 15 ans ! Il est son premier partenaire sexuel. Et Nathan tombe instantanément amoureux. Il ne voudra plus le lâcher et fera tout pour essayer de rester à ses côtés.

Le temps de quelques semaines, nous suivons le quotidien de ces trois personnages principaux et de ceux qui gravitent autour d’eux.

La star de la série c’est évidemment Stuart, gay accro à la séduction et aux plans, refusant de se caser, très sûr de lui et un poil manipulateur. Rien ne semble pouvoir lui résister aussi bien dans sa vie professionnelle que personnelle. Son amitié avec le plus réservé Vince, qui travaille dans un supermarché, est au centre de la série. Ils sont amis depuis l’adolescence, ont découvert leur homosexualité ensemble et sont inséparables. Il y a entre eux une fraternité très forte et aussi une certaine forme d’amour platonique (ils n’ont jamais couché ensemble mais se comportent souvent comme un couple). Ils se complètent merveilleusement.

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Pour Vince, suivre Stuart n’est pas toujours facile, le séducteur étant imprévisible, n’en faisant qu’à sa tête et ne pensant souvent qu’à lui. Être à ses côtés c’est accepter de rester dans l’ombre. Ce qui va au final plutôt bien à ce romantique geek fan de Doctor Who qui aime vivre les choses par procuration et ne pas trop se mouiller. Contrairement à Stuart, Vince cache son homosexualité sur son lieu de travail (un grand magasin), ce qui lui vaut quelques mésaventures comme lorsque ses collègues féminines essaient de le caser avec une nouvelle employée…

Tandis que Stuart se retrouve avec un bébé à s’occuper, la mère de ce dernier qui envisage de se marier avec un sans papier qu’elle veut aider mais qui se révèle plus trouble qu’il n’en a l’air et par dessus le marché un Nathan qui n’a de cesse de s’infiltrer par tous les moyens dans son quotidien, Vince va pour sa part interroger ses propres envies et attentes dans la vie : a-t-il envie de rester dans le placard sur son lieu de travail ? N’est-il pas trop dépendant à Stuart ? Ce dernier se sert-il de lui ? Quand un célibataire plus mur, Cameron Roberts (Peter O’Brien) entre dans la partie et lui propose de vivre une histoire d’amour, l’éternel célibataire doit s’interroger.

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Côté personnages secondaires, il y a celui culte de la mère de Vince, Hazel (Denise Black). Mère célibataire, qui peine à joindre les deux bouts, haute en couleur, qui passe son temps dans les bars gays. Elle va notamment recueillir le jeune Nathan chez elle quand il sera en pleine crise avec ses parents.

Il y a aussi le personnage de Phil, gay un peu mal dans sa peau qui va faire les frais d’une soirée sous substance qui va lui coûter très cher. Et Alexander (Antony Cotton), gay supra queer qui brandit avec fierté son exubérance et qui a des relations plus que compliquées avec ses parents.

Si la série a fait sensation, c’est pour sa très grande liberté de ton. Queer as Folk a offert à un vaste public des représentations de personnages gays libérés, embrassant leur sexualité et ce sont des images que certains attendaient depuis des décennies à la télévision. Elle a aussi aidé beaucoup de jeunes gays à s’assumer.

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La représentation de la sexualité est très franche, ça ne tourne pas autour du pot et dès le premier épisode on est mis dans l’ambiance avec la rencontre torride entre Stuart et Nathan. Si bien sûr il est par moments question d’homophobie et des combats à mener (Nathan qui est harcelé par ses camarades au lycée, Vince qui a peur de s’afficher au travail, les parents de Stuart, Phil et Alexander qui ont du mal avec l’homosexualité de leurs enfants) , il souffle surtout sur l’ensemble un certain hédonisme, une homosexualité vécue dans une certaine euphorie. On ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, on glorifie le côté « milieu gay » qui ne plait pas à tous.

Stuart et Vince sont en effet des célibataires heureux qui vivent pour leurs sorties et qui aimeraient que la vie soit une fête perpétuelle. Ils sont parfois immatures mais tellement attachants. Pour une première série gay à la télévision, l’auteur Russel T. Davies a opté pour une réelle insolence avec des scènes d’intimité cash, des dialogues très mordants et pleins d’esprit, des personnages pas consensuels, une célébration de la vie nocturne gay, de la fraternité, de l’amitié et du célibat plutôt qu’un feuilleton bienpensant. La série a d’ailleurs fait scandale pour son personnage de Nathan, seulement âgé de 15 ans.

Aimée par les uns, décriée par d’autres, Queer as folk ne cherche pas à raconter l’Homosexualité avec un grand H mais à parler de certains homosexuels «  du milieu ». Elle ressemble par sa sincérité et son côté sans tabou à une version gay de Sex and the city, qui pour sa part libérait la parole de bien des femmes sur leur sexualité. Elle traite de façon précurseuse d’homoparentalité et aussi de problèmes universels comme la cruauté du milieu gay où on se consomme comme des bouts de viande, le danger de la drogue, la façon que chacun peut avoir de vivre son identité sexuelle avec ses proches ou dans le monde professionnel.

La série fut un carton et est automatiquement devenue culte, devenant à l’époque un des shows les plus piratés au monde. Elle donna lieu à un remake américain bien plus étiré (5 saisons). Les fans se plaisent d’ailleurs à comparer la version UK et la version US.

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Ici, ce qu’on aime c’est le côté plus authentique du casting, le charme anglais, l’écriture très piquante, le rythme effréné (les épisodes ne durent qu’une trentaine de minutes dans la première saison). Et Charlie Hunnam est aussi beau qu’attachant dans la peau du jeune Nathan. On peut dire que la saison 1 est un chef d’oeuvre du genre, une série de référence pour longtemps qu’on n’oubliera pas. La deuxième saison qui ressemble plus à un épilogue qu’autre chose (deux épisodes plus longs) apparait accessoire et dispensable. Elle n’apporte pas grand chose de nouveau et est un peu brouillonne.

Si ici on garde toujours un amour infini pour cette version, c’est pour ses choix scénaristiques, son parti pris d’au final ne jamais chercher à valoriser plus que ça le couple (Stuart et Vince garderont leur relation d’amitié amoureuse hybride en toute liberté / Stuart ne se mettra jamais en couple avec Nathan). Elle propose mine de rien d’autres modèles, d’autres façon de vivre sa vie et sa sexualité et c’est encore rafraichissant, moderne, des décennies après sa diffusion.

Série diffusée en 1999 et 2000. Disponible en DVD 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3