FICTIONS LGBT

SE BRÛLER LES AILES de DMW Greer : mélo gay dans l’armée

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Armée américaine. Daniel (Trent Ford) et William (Morgan Spector) sont pilotes de chasse dans la Marine et meilleurs amis. Une amitié forte, fusionnelle. Suite à un accident lié à des problèmes de vue qu’il tente de cacher à ses supérieurs, William peut compter sur son fidèle camarade qui le couvre. Partageant les mêmes rêves, les deux jeunes hommes, inséparables, passent tout leur temps ensemble à bord, dans les airs ou sur la terre ferme. William est marié et père de famille, Daniel s’apprête à suivre le même chemin avec la belle blonde avec laquelle il vient de se fiancer.

Tout bascule quand un nouveau débarque : Matthew Blackwood (Rob Mayes). Il se rapproche de Daniel, suscitant ainsi la jalousie de William, et surtout les deux garçons passent une nuit ensemble lors d’une escale à New York. Une nuit agitée entre non-dits, virée dans une boîte gay et plan à 4 ambigu en compagnie de deux femmes qui finissent par n’apparaître que comme des accessoires. Alors que les jours défilent et qu’un agent vient fouiner dans le linge sale de chacun, Daniel et Matthew commencent à avoir du mal à refouler leur attirance. Tous deux liés à des femmes, engagés dans l’armée à l’époque du « Don’t ask don’t tell », ils sont dépassés par le désir et les sentiments qui s’emparent d’eux. Romance maudite ?

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DMW Greer, réalisateur de ce film, fut ,comme ses personnages, engagé dans l’armée à l’époque du « Don’t ask don’t tell ». Se brûler les ailes (« Burning Blue » en VO) est donc directement inspiré de son histoire personnelle qu’il avait par ailleurs déjà retranscrite dans une pièce à succès portant le même titre. Le projet attire forcément la curiosité, d’autant plus qu’il a été vendu comme un « Top Gun Gay » ou une variation de Brokeback Mountain à sa sortie. C’est d’ailleurs clairement plus vers ce dernier que lorgne l’intrigue, assumant complètement son côté mélo.

Le métrage commence sur une sorte de fausse piste, se focalisant sur l’amitié très forte de Daniel et William. Ils font tout pareil, sont tout le temps fourrés ensemble, leurs compagnes sont presque transparentes. On s’attend à ce qu’il se passe quelque chose entre eux, faisant exploser leur image de bon soldat hétéro. Le crash n’a lieu qu’à moitié mais il ne va pas manquer de faire des dommages collatéraux. Daniel s’éprend d’un nouveau camarade, Matthew, et ce dernier est tout aussi sensible à son charme. Montée du désir, adrénaline de l’interdit. Il sera clairement difficile pour les deux garçons de s’aimer, d’autant plus que l’esquisse de leur romance va de pair avec l’arrivée d’un agent qui va mener une enquête transformant leur quotidien en cauchemar.

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Alors qu’ils commencent à être suspectés d’homosexualité (et que la chose est condamnée), Daniel et Matthew voient leur monde voler en éclats. Daniel est prêt à s’affirmer, à essayer d’être lui-même. Matthew a plus de mal à faire exploser sa vie d’hétéro de façade. Au loin, et finalement au centre, William observe ce qui se trame, impuissant, envahi d’émotions contradictoires. En tombant amoureux de Matthew, Daniel s’éloigne de son meilleur ami et vient apporter à leur amitié fusionnelle une lecture que ce dernier ne veut pas envisager. Le personnage de William est sans doute le plus captivant : difficile de dire s’il est réellement hétéro et a du mal à accepter l’homosexualité de son plus proche ami ou s’il refoule de façon très violente ses propres désirs. Dans son exploration riche en nuances des liens intenses entre hommes (amitié, camaraderie, passion), Se brûler les ailes trouve sa plus belle arme. C’est ce qui donne envie de pardonner à ce métrage plutôt bien produit ses maladresses (un jeu d’acteurs beaux gosses qui n’est pas toujours forcément au top, un scénario dense qui se perd dans quelques facilités, une mise en scène formatée télé).

Politique et historique d’un côté, très sensible et fleur bleue de l’autre, ce projet ambitieux n’atteint pas des sommets d’intensité ou de grâce mais se révèle malgré tout attachant. Outre son exploration des relations de toute sorte au masculin, DMW Greer nous plonge au sein d’une armée au cœur de laquelle il fut pendant trop longtemps impossible d’être soi-même. Quête identitaire, rivalités, vengeance, liens troubles et instables, liaison impossible : le programme est chargé et assure le divertissement.

Film produit en 2013 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3