Skins, saison 6 (2012) : absence et autodestruction

Sixième saison de Skins et peut-être la dernière complète (l’an prochain, le show culte anglais se clôturera via quelques épisodes ou téléfilms dont on sait peu de choses pour le moment). Le soleil, la fête, les éternels excès : la bande de dévergondés passe des vacances rock’n roll au Maroc. Pendant que la bombasse Mini et le fermier roux Alo se chauffent en cachette, il y a de l’eau dans le gaz entre la borderline Franky et son petit ami Matty. Hier si amoureuse, la belle étouffe et ne cesse de rejeter celui qui l’a toujours soutenue. Provocante, elle se met à flirter avec Luke, un voyou, dealer de coke, rencontré en soirée. Les choses tournent mal, un accident de la route a lieu, provoquant la mort de l’innocente Grace…Le ton de cette saison est donnée : deuil, absence et autodestruction.

Au fil des épisodes, la figure de Grace revient. Tout le monde tente de gérer sa disparition à sa façon et non sans heurts. Alors que son jeune mari, l’ex métalleux Rich, essaie de positiver, les autres s’entredéchirent. Matty est resté au Maroc et est en danger mais tout le monde le porte plus ou moins consciemment responsable de l’accident et ne cherche pas à lui venir en aide. Ayant provoqué malgré elle la spirale infernale aboutissant à l’accident, Franky culpabilise et flirte de plus en plus avec la folie. Elle est pourtant assez vite pardonnée, soutenue par ses amis…même si des rancœurs subsistent, chez Liv par exemple, qui est peut-être celle qui souffre le plus de la disparition de la jolie « Gracie ».

Fidèle à elle-même, la série continue d’émerveiller par sa mise en scène très soignée, pop, et par sa bande-originale toujours très bien pensée, du meilleur goût. Rien à dire non plus du côté des interprètes, tous excellents, étonnants. On notera l’introduction d’un nouveau personnage, celui d’Alex, jeune gay très assumé et fantasque, trompant l’ennui à renfort de plans culs quand il ne joue pas à un jeu de séduction un peu périlleux avec Liv, à qui il ne pourra pas donner plus qu’une tendre affection.

Le deuil de Grace s’ajoute à la fin du lycée, et donc la fin d’une époque, de l’adolescence. Tout s’accélère et les nerfs sont plus que jamais à vif. Les problèmes familiaux restent omniprésents (Mini tentant désespérément de se rapprocher d’un père fantomatique / Liv tentant de prendre soin d’une sœur délaissée / Alex s’occupant de sa grand-mère atteinte d’Alzheimer / Matty et Nick, frères ennemis / Franky, de plus en plus attristée par le fait qu’elle ne connaît rien d’une mère qui l’a abandonnée…) et se mêlent à des actes d’autodestruction. Déjà impressionnante dans la saison 5, Dakota Blue Richards alias Franky est l’un des moteurs noirs de cette nouvelle livraison d’épisodes. Le regard chargé de haine et de tristesse, elle flirte constamment avec la folie et détruit tout, refusant l’affection de ses pères homos adoptifs pourtant très compréhensifs, générant des conflits dans sa bande d’amis, entretenant une liaison vénéneuse avec l’insupportable Luke avant de trahir Matty en sortant avec son frère Nick…Même détresse et chaos pour Liv, se sentant plus seule que jamais malgré sa nouvelle amitié avec le gay Alex. Personnage plutôt effacé jusqu’ici, elle hérite d’un des plus beaux épisodes de la série, disposant de cette bouleversante sensibilité qui a rendu Skins culte.

Détresse générale, confusion : à la mort d’une amie chère pourrait se substituer une nouvelle vie. L’ancienne garce Mini se retrouve en effet enceinte d’Alo le fermier…

Beaucoup de rebondissements, de remises en questions, une noirceur rare : cette saison 6 se révèle particulièrement intense. Et si quelques passages sonnent un peu faux (les apparitions surnaturelles du fantôme de Grace, légèrement surfaites) , Skins garde son énergie si singulière, sa soif d’absolu. Comme d’habitude : vous pouvez foncer les yeux fermés à la découverte de ces nouvelles aventures aussi destroy qu’émouvantes.

Saison 6 diffusée début 2012 sur la chaine anglaise E4