FICTIONS LGBT

SUIS LE PROTOCOLE (Seguindo Todos os protocolos) de Fàbio Leal : vie gay en temps de Covid

By  | 

Le réalisateur brésilien Fàbio Leal nous propose de revivre la période du confinement avec ce film arty ponctué de tableaux poético-kitsch et érotiques. 

On a tous malheureusement connu ça : les mois d’enfermement, le stress de ne pas savoir à quoi s’attendre, la peur d’attraper le virus covid, le poids de la solitude. Ce docu-fiction nous plonge dans le quotidien du réalisateur gay Fàbio Leal qui se filme enfermé. Point notable : il est fortement hypocondriaque. Ce qui lui a valu de se mettre quelques amis à dos puisqu’il ne cachait pas sa colère sur les réseaux sociaux quand il surprenait certains d’entre eux sortir et ne pas respecter les gestes barrières. 

Irréprochable quand il s’agit du protocole sanitaire, Fàbio Leal commence toutefois à trouver le temps long. Il n’a pas grand chose à faire de ses journées alors il fume, regarde des films de seconde zone ou des vidéos adultes, parfois tente de méditer ou de faire de l’exercice. Quand son petit ami le largue en visio après avoir avoué qu’il l’a trompé, Fàbio déprime… et sent l’excitation monter. Après 10 mois sans rien faire, le besoin d’un moment intime avec un autre garçon se fait sentir. Il réfléchit alors à comment faire des rencontres en ne prenant pas trop de risques. 

suis le protocole film gay
suis le protocole film gay
suis le protocole film gay

Ce film au style « home made » et documentaire est une sorte d’instantané de la vie d’un artiste gay en manque pendant la période Covid. Fàbio Leal croque cette période s’apparentant parfois à une oeuvre de science-fiction avec une certaine drôlerie, nous offrant des scènes souvent improbables. Aussi modeste puisse-t-il être, le métrage capte parfaitement l’atmosphère chaotique de notre époque actuelle et le sentiment de solitude qui va avec. 

Le seul remède pour tromper l’ennui et le mal-être se révèle être le sexe. A travers des rencontres maladroites et sensuelles, le réalisateur oublie (presque) quelques instants ses névroses. Ces scènes d’intimité, frontales et pleines de naturel, constituent les temps forts d’une oeuvre parfois un peu nombriliste et pourtant universelle par la période pénible qu’elle aborde et qu’on a tous traversé à notre façon. 

Film produit en 2022 et présenté au Festival Chéries Chéris 2022 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3