COURTS
« The Deep Queer Massacre » et « Love et Ex Mortuus » de Mathieu Morel
A l’occasion du Festival Chéries Chéris 2023, le jeune réalisateur Mathieu Morel a révélé deux nouveaux courts-métrages particulièrement morbides, sanglants et joyeusement perturbants : The Deep Queer Massacre et Love et Ex Mortuus.
The Deep Queer Massacre est armé d’un joli cast : aux fidèles acteurs Jordan Brandao Rodrigues et Léolo s’ajoutent Pierre Emö et le beau Erwan Kepoa Falé (découvert ici dans le film Le lyçéen de Christophe Honoré). On y retrouve un groupe d’amis gays assurément lubriques partant passer du bon temps dans une vieille maison isolée à la campagne. Leur week end va tourner au slasher alors que rodent dans les environs une sorcière et un tueur avec un masque ressemblant à celui de Michael Myers dans Halloween.
Avec un humour macabre et un amour du cinéma bis palpable, Mathieu Morel s’amuse à mêler la chair fraiche de ses acteurs (et de lui-même qui apparait lors d’une scène brûlante avec son compagnon à l’écran et dans la vie, Léolo) au sang. Au-delà de l’aspect hybride entre parodie et lettre d’amour au cinéma de genre, ce court-métrage s’appuie sur une mise en scène soignée et nous perd au milieu d’émotions contradictoires. Le spectateur ne sait en effet plus à un moment s’il doit rire, être excité ou terrifié. Peut-être tout ça à la fois… du moins jusqu’à une scène finale pour le moins perturbante et qui rebat les cartes.
Plus provoc et plus proche des derniers courts de son auteur (avec ses tics de mise en scène qui peuvent être parfois à double tranchant), plus destroy et z aussi, Love et Ex Mortuus est une nouvelle variation autour du thème des morts vivants, personnages qui reviennent souvent dans la jeune oeuvre de Mathieu Morel.
Une jeune fille est morte, son petit ami et son frère (plus ou moins secrètement amoureux d’elle) sont inconsolables et se rapprochent. Mais voilà que le corps de la défunte est porté disparu et qu’elle revient en mode morte vivante. Beaucoup de bizarrerie, des scènes charnelles qui s’amusent à repousser les limites de l’étrange, du glauque, de la morale. Un véritable chaos cinématographique qui assume fièrement son attrait pour le mauvais goût, une énergie de sale gosse et un humour morbide qui se mêle à la mélancolie. Le tout entrecoupé d’interventions de la toujours impeccable Pascale Faure.
Film après film, en marge d’un cinéma français souvent trop lisse et attendu, Mathieu Morel continue d’étoffer son univers singulier et de se poser en enfant terrible. Qu’on soit réceptif ou pas à ses propositions, celles-ci ont toujours le mérite de trancher et de délivrer à chaque fois des images impures qui secouent et font réagir.