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The LA Complex, saison 2 : galères sous le soleil
Ouverture clipesque sur la chanson Nothing to worry about de Peter Bjorn and John : on retrouve avec un plaisir non dissimulé ,sous un soleil éclatant, la bande de The LA Complex pour une saison 2 qu’on avait à peine osé espérer (produit au Canada, le show y a connu des audiences très contrastées avant de faire un bide pour la diffusion américaine sur la CW – mais il semblerait que les replay fonctionnent bien aux USA et que les tournages sont peu coûteux, ce qui nous a permis d’avoir une nouvelle cargaison d’épisodes).
Dès les premières minutes, on comprend que The LA Complex opère un virage, avouons-le assez flippant. La danseuse / porno girl est évincée, de même que Tariq, l’un des deux personnages gays. Pour compenser ces deux départs entre en scène un nouveau personnage, malheureusement peu séduisant : Beth. Jeune femme pauvre, s’occupant seule de son petit frère Simon (leur père a mystérieusement pris la fuite), cette nouvelle arrivante, trop sage, un brin naïve, manque de relief. Simon est un enfant acteur, on voit bien où les scénaristes veulent en venir : montrer le côté impitoyable du show business pour les plus jeunes qui rêvent déjà de célébrité. Mais l’ensemble est terriblement lisse, sans surprise voire sur la fin assez éreintant.
C’est le reproche que l’on ferait à cette saison : elle manque de piquant, d’audace. Comparée dès ses débuts au mythique soap Melrose Place, The LA Complex semble suivre une route inverse. Alors que la célèbre saga de Darren Star allait de plus en plus loin, multipliait les coups de pute d’une saison à l’autre, le show canadien semble se retenir, apparaît comme perdu entre son envie palpable de balancer sur le milieu impitoyable des artistes à LA et son désir de rester sobre. Pour le coup, c’est moins jouissif à regarder, même si certains passages sont toujours savoureux (l’incursion d’Abby campant une prostituée dans un feuilleton catholique, qui se termine en plan à trois avec l’acteur et l’actrice qui à l’écran jouent des frères et sœurs, il fallait y penser !).
Si les nouveaux épisodes ont indéniablement quelque chose de déceptif, on est pas moins attaché aux personnages principaux. Au contraire. Quand vient l’heure du season finale (très intense), on a les larmes aux yeux et on sent déjà le manque pointer le bout de son nez. C’est que tous ces losers, dans leur malchance, leur vulnérabilité, leur aptitude à toujours se fourrer dans les plus mauvais coups, sont diablement attachants. C’est assez rare pour être signalé mais mis à part Beth la petite nouvelle crispante, je suis pour ma part fou amoureux de tous les protagonistes.
Kaldrick King, le rappeur gay dans le placard, est toujours aussi fascinant, véritable concentré d’émotions à lui tout seul, tour à tour effrayant, détestable, fatigant, bouleversant. La saison 2 lui laisse une grande place : on le retrouve au plus bas, abattu par ses démons et progressivement, notamment grâce à une très belle love story avec un avocat, il remonte la pente et finit par espérer pourvoir s’assumer. L’intrigue reste originale et bien sentie. Le beau gosse de la série, Connor Lake, après une relation qui tourne mal avec Raquel se mue en toy boy pour une actrice vieillissante avant d’entrer dans une secte qui n’est pas sans évoquer la Scientologie, poussé par une énigmatique sœur qui refait surface comme par magie. Beau personnage à vif, du beau mec à qui tout réussit mais qui n’est jamais satisfait, qui ne peut s’empêcher de s’autodétruire. Garce du show, la géniale Raquel connaît pour sa part une série de mésaventures pour le moins impressionnantes : accident, bref séjour en prison, tournage d’une série z grotesque, tournage d’une télé-réalité sinistre, banqueroute…Tout y est. Au point mort, contrainte d’accepter un poste de serveuse pour survivre, l’actrice de seconde zone au tempérament de feu continue de s’enfoncer, se retrouvant impliquée dans des magouilles bancaires. De son côté, l’humoriste pas drôle mais si choupinet, Nick, oublie son amourette avec Abby pour retrouver la piquante Sabrina (meilleur personnage féminin de la saison). Une histoire d’amour faite de répliques assassines et de sales coups, les deux ayant les mêmes rêves et se retrouvant en compétition pour travailler dans un talk show. Enfin, outre sa participation à une série catho, Abby fait la connaissance, lors d’un tournage de clip insipide, d’un beau militaire blond avec qui elle entame une relation forcément compliquée…
Bien qu’ils soient moins surprenants que leurs prédécesseurs, moins rentre-dedans, les épisodes de la saison 2 de The LA Complex restent de bonne tenue. Belle photographie et bande-originale, dialogues intelligents, d’un brillant second degré, habile mélange entre rêve, évasion et cruelles désillusions. On s’accroche tellement aux personnages qu’on est prêt à tout pardonner. Et donc, évidemment, on prie pour une saison 3.