CINEMA
THUNDER ROAD de Jim Cummings : sur le fil
Avec Thunder Road, Jim Cummings se révèle totalement, à la fois en tant que réalisateur et comme acteur. Ce long-métrage se démarque par un ton très singulier, constamment entre humour et drame, rires et larmes. Une bizarrerie assumée qui déconcerte autant qu’elle peut séduire.
Le film narre le quotidien de Jimmy Arnaud (Jim Cummings), policier du Texas dont le quotidien bascule alors que sa mère décède. L’enterrement ne se passe pas vraiment comme prévu et les semaines qui suivent vont se révéler être un véritable chemin de croix. Jimmy veut bien faire mais que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle, personne ne semble le comprendre, voir sa détresse. Il tente de rester poli mais il suffit d’un geste, d’une phrase, pour que tout parte en vrille.
Toute l’intrigue, qui fonctionne comme une succession de vignettes colorées et improbables, repose sur un fragile équilibre. Jim Cummings incarne magnifiquement un personnage d’homme sensible et à vif, parfois au bord de la folie, face à des gens et une société où tout semble foutre le camp. Les forces de l’ordre sont désemparées face aux divers incidents qui surviennent dans les parages, Jimmy doit composer avec une ex femme qui sans véritable raison décide de tout faire pour lui enlever la garde de sa fille…
Ce qui est très fort ici, c’est cette sensation permanente que le film se remet complètement en jeu à chaque scène. On ne sait jamais où ni jusqu’où ça va aller. L’entreprise aurait pu être périlleuse si elle n’avait pas été portée par un personnage aussi nuancé qu’attachant. Poissard de première catégorie, l’anti-héros du film est surtout un homme que l’on pourrait être désigné comme trop fragile pour supporter toutes les injustices et l’absurdité du monde qui l’entoure. S’il est souvent victime du destin, Jimmy a toutefois, il faut l’avouer, le chic pour se plonger lui-même dans des situations embarrassantes, marchant à l’instinct, parlant parfois sans réfléchir pour s’excuser la seconde d’après.
Il émane de l’ensemble un parfum de solitude assez poignant, le portrait d’un homme perdu qui cherche par tous les moyens à retrouver un équilibre familial et personnel. Pour sa folie douce, sa mélancolie et sa rare énergie, ce long-métrage à l’écriture originale mérite le coup d’oeil. Et ajoutons que Jim Cummings est absolument irrésistible avec sa petite moustache : on a envie de l’enlacer tout le long.
Film sorti le 12 septembre 2018