CINEMA
UN AMÉRICAIN À PARIS de Vincente Minnelli : art et drague dans la capitale
Jerry Mulligan (Gene Kelly) est un artiste peintre américain vivant à Paris. Comme beaucoup de ses amis des Etats-Unis ,il voue un culte à la ville des artistes et nous ressort tous les clichés habituels sur l’architecture, l’inspiration qui émane des différentes places de la capitale … Mais que l’on se rassure, cela est souvent accompagné d’ un second degré savoureux. De l’humour, il y en a d’ailleurs beaucoup au début du film où Minnelli s’amuse avec le spectateur.
La présentation des personnages est en effet assez inattendue et originale. On réalise rapidement que Jerry est un artiste sans le sou et pas très doué. Il expose ses toiles dans les rues de Montmartre mais ne vend rien. Il oublie ses soucis en buvant et chantant avec ses amis pianistes et chanteurs. Et puis un jour, une riche héritière jette son dévolu sur lui. Elle décide de prendre sa carrière en main, de le lancer. Tout en espérant qu’il finira par craquer pour sa dévouée mécène…Mais il n’en est rien !
Jerry a un coup de foudre pour une jeune fille dans un bar. Elle s’appelle Lise (Leslie Caron), elle travaille dans une parfumerie et va finir par céder à sa drague outrageuse. Mais ce que l’Américain ne sait pas, c’est que Lise n’est pas célibataire. Pire : elle sort avec son ami chanteur…
Un Américain à Paris, comme bon nombre de comédies musicales, se veut acidulé et aérien. Gene Kelly, plus athlétique que jamais, multiplie les numéros de claquettes avec une grâce folle. On dit que les français sont dragueurs, apparemment les américains le sont encore plus. Il faut dire que Gene Kelly a tout du prince charmant et que son numéro de drague sur les Quais de Seine mérite les applaudissements. Les passages sur les quais font partie des moments les plus merveilleux d’un film qui n’en manque pas.
Le film de Vincente Minnelli n’est pourtant pas aussi léger que l’on pourrait le croire. Il est même souvent assez cruel. Jerry n’hésite pas à profiter et utiliser sa mécène quand il va mal, Lise est une belle menteuse et le regard du réalisateur sur l’art de son personnage principal n’est pas dénué d’ironie. Jerry est présenté comme un grand naïf qui s’émerveille face aux beautés qui l’entourent (celle de la ville, des femmes) mais peut justement se laisser aveugler par elles.
Ce qui surprend le plus dans ce film musical, c’est l’importance des dialogues et le petit quota de passages chantés ou dansés. En effet, le réalisateur a préféré creuser les rapports entre les personnages et leurs échanges. Mais que les amateurs du genre se rassure : sur la fin, Minnelli nous réserve une véritable explosion musicale.
Plus de 15 minutes de ballet envahissent l’écran pour illustrer les rêves et fantaisies de Jerry. Un ballet riche en couleurs et références artistiques qui emporte tout sur son passage et qui se révèle être le prélude idéal avant un final grandiose. Sur ses 20 dernières minutes Un Américain à Paris foudroie. On pensait jusque là assister à un classique sympathique, on réalise soudain que nous sommes face à un chef d’oeuvre.
Film sorti en 1951 et disponible en VOD