COURTS
UNE HISTOIRE SANS IMPORTANCE de Jacques Duron : spleen et frustration
Film de sortie de l’IDHEC (ex Fémis) de Jacques Duron, Une histoire sans importance raconte l’amitié dans une petite ville de campagne en France entre Philippe et Claude. Philippe est plus âgé, Claude voit en lui un modèle. Le jeune adolescent colle beaucoup son mentor, l’interrompant parfois alors qu’il se rapproche d’une de ses amies filles.
A force de le titiller, allant jusqu’à lui demander de lui apprendre à se caresser, Claude ne manque pas de troubler Philippe. L’issue de cette amitié particulière ne sera pas vraiment celle à laquelle on pouvait s’attendre de prime abord.
C’est le portrait d’une amitié fusionnelle au masculin qui se délite à cause d’un désir non réciproque jusqu’au plus vertigineux et sombre des malaises. Outre le charme vintage de l’oeuvre (produite en 1980 mais convoquant un cinéma plus ancien avec ses histoires crypto-gays de camaraderies en internat), cette « histoire sans importance » distille le spleen des villes de Province où l’on se sent terriblement seul et incompris quand émerge une différence. La douleur d’un premier amour perdu avant même qu’il ne commence, l’irruption fracassante de pulsions physiques et sentimentales incontrôlables.
C’est mélancolique à souhait, émouvant, joliment écrit, pudique. Une version (probablement pas très légale et basse définition) est trouvable sur le web. A noter que ce court-métrage a aussi eu les honneurs d’une édition DVD (collection Courts mais gays vol. 8).