Vendredi sur mer excelle toujours avec Malabar Princess
Vendredi sur mer est, de loin, l’une des artistes pop françaises qu’on préfère ici et une nouvelle fois elle nous régale avec son troisième album, Malabar Princess.
Ça a été le coup de foudre dès ses premiers morceaux et avec son déjà culte premier album Premiers émois. Et depuis, non seulement elle ne nous a jamais déçu mais elle nous a aussi surpris. Pour un.e artiste, il n’est jamais facile de durer et de trouver la bonne voie après un succès. Beaucoup se font aspirer par des maisons de disques obsédées par le profit et lissant complètement leur musique. On ne compte plus le nombre de projets qu’on a follement aimé au début et qui dès le deuxième ou le troisième disque nous ont brisé le coeur en mettant de côté leurs inspirations du début, la qualité de leur création pour céder aux pressions de producteurs aux goûts douteux ou pour séduire un plus vaste public formaté par les radios.
Avec son deuxième album, le formidable Métamorphose, Vendredi sur mer avait déjà étonné. Elle parvenait à garder l’essence de son univers en le transformant. Plus de Lewis Ofman à la prod, une nouvelle équipe, plus d’espace pour chanter, moins pour le chanté-parlé qui avait été sa marque de fabrique. Ce deuxième LP, plus sombre et mélancolique, aventureux, était une vraie prise de risques. Comme celui de se séparer de sa génialissime troupe de danseurs sur scène pour occuper seule l’espace et se livrer plus que jamais. Métamorphose était plus radical que Premiers émois et sonnait comme un avertissement : Vendredi sur mer est de celles qui n’entendent en faire qu’à sa tête et suivant ses intuitions et ses envies.
Avec Malabar Princess, elle mute encore. C’est toujours complètement elle mais on découvre encore une nouvelle facette. Des accents plus indie pop, davantage de guitares (comme sur les géniaux Hard et Tout résonne) mais aussi beaucoup de densité et une totale liberté. Les sensibilités sont très changeantes et touchent toujours dans le mille. Des titres atmosphériques et mélancoliques (superbes Peur de quoi et Rien n’a changé), douceur vintage (Lola les yeux fermés), ballade feutrée et épurée en mode chanson (Arrêter le temps), pop catchy et plus directe (Encore une fois), bulle groovy (J’irai en enfer). Il y en a pour tous les goûts et c’est du Vendredi sur mer de bout en bout.
Si elle parvient constamment à nous accrocher, Charline Mignot (son nom à la ville) nous touche aussi à travers ses paroles toujours sentimentales et à fleur de peau. Elle se livre beaucoup ici, avec ses euphories et ses doutes comme sur le très joli Malabar Princess qui donne son titre à ce troisième opus qui s’inscrit sans mal comme l’un des meilleurs albums pop de 2025.