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Vendredi sur mer « Premiers émois » : l’album pop ultime de 2019
C’est l’album pop que j’attendais le plus en cette année 2019. Il est là et je ne suis tellement pas déçu. Vendredi sur mer, je l’aime, je suis fan, je l’écoute en boucle depuis son single « La femme à la peau bleue ». Depuis il n’y a eu que des bombes : l’EP « Marrée basse » avec les titres géniaux « L’amour avec toi », « L’une est l’autre », « Larme à gauche », le dément single « Écoute chérie » avec le clip lascif d’Alice Kong, l’imparable « Chewing Gum ». Et surtout il y a eu les concerts où Charline Mignot, la suissesse tellement cool derrière Vendredi sur mer, nous emporte dans des shows pop et queer entourée de ses danseurs.
Si le projet Vendredi sur mer est complètement dans l’ère du temps, il a ce truc en plus qui le place au-dessus de tous les autres : un univers pop dans lequel on veut rester bloquer à jamais. Et puis cette Charline, on l’adore, avec ses textes qui brouillent les pistes du genre, font sauter les étiquettes, avec ce féminin et ce corps affirmé. Rien que la pochette de son premier album, intitulé « Premiers émois », donne une idée de sa musique : c’est beau, coloré, sexy et décalé. Ca se joue du kitsch pour le transcender.
Le premier morceau, « J’attendrais » pose la jeune artiste en conteuse des amours modernes. Un chanté-parlé aux multiples visages, cette voix charnelle qui saute sans transition de la sensibilité et la fragilité à l’assurance mêlée à un côté camp. On retrouve sur ce disque tous les morceaux précités qui ont fait le succès de Vendredi sur mer et une flopée de nouveaux. Le génial Lewis Ofman est à la production et enrobe les textes nostalgiques / mélancoliques / sentimentaux / drôles de Charline Mignot de sonorités electro-pop euphorisantes.
L’album avance à tout allure en ayant peur de rien, jusqu’à nous donner l’impression d’halluciner avec « L’histoire sans fin » et ses touches orientales. Un amour palpable du vintage, de musiques de films des années 70-80, un fragile équilibre permanent et irrésistible entre des histoires à vif qui sentent le vécu et une envie de s’approprier son corps et sa vie sans retenue jusqu’à la dernière piste ultra jouissive « Encore ».
Vendredi sur mer ne devrait pas manquer de devenir une icône queer avec toutes ces mélodies hautement addictives qui transpirent l’obsession de l’amour et de la chair. On s’approprie sa musique et ses paroles, ça touche au coeur en même temps que cela donne envie de danser, de s’envoyer en l’air ou de délirer. C’est une musique qui vit et qui donne force et sourire, portée par un souffle rare. Que l’on se morfond avec « Mon chagrin » ou qu’on ait la tête haute face à un(e) ex avec « Dolan », les notes entêtantes de ces « Premiers émois » ne nous lâchent plus. Clairement, on en veut encore !