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Washed Out, Within and without : les contrastes des vagues
C’était l’une des grandes révélations de l’année dernière. Washed Out alias Ernest Greene n’a pas mis longtemps à déclencher les passions des internautes avec un son à la fois nostalgique, référencé, rétro et novateur. On l’a même désigné comme le moteur d’un nouveau courant : la chillwave. Une électropop rêveuse, aqueuse, nous entrainant en quelques secondes sous les tropiques pour des sensations fortes. Buzz sur le net, une première tournée couronnée de succès : le beau brun à quitté son île paradisiaque pour rencontrer le monde et enregistrer un premier album hyper attendu après une série d’EP de toute beauté.
Within and Without a été produit en douceur, en prenant le temps de tout bien fignoler. Ernest Greene semble avoir pris la chose au sérieux, alors qu’auparavant il n’était juste qu’un beau mec sympa qui postait sa pop de chambre sur son Myspace. Une nouvelle aventure commence, composée de neuf titres inédits (un effort louable quand beaucoup d’artistes se contentent de recycler leurs EP). Ma première impression fut un tantinet mitigée. L’album n’est pas totalement dans la lignée des précédents titres. Il est moins facile, moins direct, plus posé, réfléchi. Plus mélancolique aussi. Il recquiert plusieurs écoutes, apparaît comme une vague à amadouer.
Cela n’exclut pas pour autant les coups de foudre. D’emblée, Eyes be closed hypnothise, ravit, cajole, avant de nous emporter vers un torrent de beauté et de sensibilité. La voix lointaine d’Ernest Greene sonne toujours comme une magnifique promesse de lendemains meilleurs et ensoleillés. Lui succède le faussement dansant Echoes, déjà plus ambigu, tortueux. Le deuxième titre le plus accrocheur débarque vite. C’est Amor Fati. On lui décernerait volontiers le titre de meilleure chanson pop de l’été. L’ivresse, l’amour, la fête et les au revoir qu’on devine comme des adieux. Magique. Après un Soft aux airs de parenthèses se dévoilent Far away , Within and without , A dedication etYou and I. On est surpris par la tristesse de ces morceaux. Washed Out s’aventure vers de nouveaux territoires, moins balisés, étonnamment bouleversants. Il prend le risque de surprendre, de décontenancer ses fans de la première heure pour déjà évoluer. On ne peut ainsi plus résumer ce son à la chillwave. Il est au-delà, loin des cases. L’été sera aussi beau qu’on l’attendait, mais sans doute aussi plus tourmenté, fait de plaisirs autant que de secousses. Préparez-vous à plonger.