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We are enfant terrible, Explicit pictures : élan sauvage
On l’attendait de pied ferme, l’album qui nous ferait enfin danser en 2011. Bonne nouvelle, il est arrivé et c’est non seulement dansant mais aussi étonnamment enivrant, sexy et sauvage. Avec Explicit Pictures (disque intégralement interprété en anglais) les français de We are enfant terrible vont vous propulser vers un ailleurs mi-enfantin, mi-démoniaque, comme pourrait aisément le laisser deviner sa pochette gentiment pop et destroy. Ouverture du bal avec Make you laugh : sonorités 8-bit, un petit côté mainstream qui vole vite en éclat. On ne rit plus, on se laisse doucement posséder par ces claviers entêtants et la voix de la chanteuse, particulièrement féline et vénéneuse.
Jouer avec ces enfants-là promet bien des surprises. Car leur musique ( r )éveille des pulsions souterraines. A l’écoute de Filthy Love on a envie de griffer son partenaire ou de s’offrir une étreinte dans les chiottes avec le premier barbu venu. Aussi efficace qu’une montée de cuite. Pas le choix : il faut lâcher prise. Après un agréable et rassurant Lobster Quadrille, Because of the bees nous prouve que cette joyeuse bande est également à l’aise dans un registre plus apaisé. Et puis survient Sick Crooner. Sensation d’être bloqué dans un cauchemar au graphisme Game Boy. Bien des plaies se ravivent et l’album, déjà jusqu’ici brillant, atteint des sommets d’intensité.
Sous des airs de pop rock faussement légère et naïve (excellent A song to you), We are enfant terrible suscite passion et malaise, crée l’euphorie, l’ivresse, sans que l’on ne puisse jamais chasser de notre tête l’après. Celui où la gueule de bois surviendra, nous laissant avec cette curieuse impression d’avoir merdé, d’être un peu crade (avec Nectarine Dream en fond, l’enfer semble bel et bien se déployer, non sans malice). Ne reste plus alors qu’à réécouter la galette, pour mieux remonter et redescendre. Un joli saut dans le vide, sans filets, une vie sauvage en douze titres épatants. Si après ça vous n’avez pas envie de redevenir un « Wild child », on ne peut plus rien pour vous.