ALBUMS
Yan Wagner, album Forty eight hours : voyage au bout de la nuit
Tard la nuit. On s’imagine dans un club, la tête à moitié à l’envers, encerclé de fumée. Et vient la lumière, les touches de synthétiseurs. C’est l’ouverture colorée et cosmique du premier album de Yan Wagner, Forty eight hours. On ne dirait pas à non à des journées de 48 heures, pour avoir le temps de travailler et aussi de vivre, de faire la fête, tous les soirs. Danser. Enchaînement subtil de l’ouverture au premier morceau, On her knees. Le rythme s’accélère, les premières secondes sonnent un brin disco, on se laisse électriser. Plus le temps de comater, on est trop occupés à se déhancher. La musique s’infiltre instantanément dans le corps. Additive comme la cigarette, excitante comme l’imprévu d’une bonne playlist de DJ, jouissive comme un corps à corps inespéré sur le dance floor. Les poils se dressent tout seuls.
Révélation tonitruante de 2012, le français Yan Wagner chante en anglais avec une voix grave troublante d’érotisme et joue aussi bien avec nos bras et nos jambes qu’avec nos cœurs et nos têtes. Il ressuscite les fantômes new-wave le temps du sublime et entêtant Forty eight hours, nous entraîne dans un espace-temps non identifié. Aux références rétros assumées qui font merveille (Vanished est d’une beauté à tomber autant qu’un hit en puissance, Elementary school, teinté de mélancolie, nous laisse à penser qu’au milieu de la piste de danse se joue peut-être notre vie) s’opposent des titres tout ce qu’il y a de plus moderne (l’électro élégante de Changed et Stranger in town).
Plus que le rythme d’enfer, les mélodies obsédantes, c’est la voix de Yan Wagner qui hypnotise. Elle recouvre de sa chaleur et sa sensualité les morceaux les plus dansants, elle mêle plaisir et douleurs enfouies, se fait joueuse, apparaît ou disparaît à loisir. Au milieu du club enfumé, on danse, on s’oublie, se défoule, mais aussi, on n’y voit plus forcément clair. Le spleen de l’officier passe et met les larmes aux yeux. On baisse la tête, on profite de la douce tristesse, avant de sautiller en fredonnant The only one, duo pop et scintillant avec Etienne Daho. La nuit est devenue un voyage plein d’émotions, de couleurs, de contrastes. Une totale réussite.