FICTIONS LGBT
LE CHANTEUR de Rémi Lange : belle marge
Thomas (Thomas Polly), jeune garçon rêvant sa vie comme une comédie musicale, est dévasté quand sa mère meurt d’un cancer. Elle était son alliée, son plus grand soutien. Rapidement, il est à l’étroit dans sa petite ville de Province et ne se sent plus chez lui en vivant avec sa tante et ses cousins. Il décide sur un coup de tête de partir tenter sa chance à Paris. Mais pas facile de se faire remarquer dans la capitale et de s’en sortir sans argent. Au fil des rencontres, Thomas parvient toutefois à trouver son chemin…
Avec Le chanteur, Rémi Lange (réalisateur du très beau « Omelette« ) s’inspire directement de l’histoire de son jeune comédien ,Thomas Polly, et délivre une oeuvre hybride entre réalisme cru et envolées musicales. C’est un film fragile, qui regorge de maladresses, mais dont la sensibilité à fleur de peau, la sincérité palpable et l’infinie générosité donnent envie de tout lui pardonner. Peu importe qu’on soit sensible ou non à l’univers musical de Thomas Polly, que certaines scènes sonnent un peu faux ou que le filmage soit parfois approximatif. Rémi Lange ne semble pas rechercher le beau plan, le clinquant, la maîtrise. On le devine plutôt attaché à une quête de vérité, de pureté dans l’émotion. Et il réussit, souvent, de très jolies choses.
Portrait d’un provincial à la fois endeuillé et rêveur, Le chanteur est un parcours initiatique qui a le goût de l’inattendu, riche en rencontres à la fois improbables et déterminantes. Une SDF au grand coeur, une artiste vieillissante, généreuse et à vif, un producteur un peu trop passionné, un admirateur photographe : au gré des échanges avec des personnes très différentes, Thomas grandit et se construit, s’affirme. Il glisse, tombe et se relève, toujours avec la même envie d’aimer et d’en découdre. La chanson, c’est sa vie, ce qui le rattache à sa mère, sa complice, qui lui manque terriblement et dont il emprunte la perruque pour se travestir et s’émanciper.
Amour évident de la marge, hommage aux artistes indépendants, de l’ombre, qui ne lâchent rien malgré les nombreux obstacles, Le chanteur ne ressemble à pas grand chose si ce n’est à lui-même. Pour les uns ce sera un défaut, pour les autres une qualité. Du cinéma libre, qui se moque du bon goût et vous attrape pour ne plus vous lâcher. Très attachant.
Film sorti en 2016