FICTIONS LGBT

A STORMY NIGHT de David Moragas : la rencontre et la tempête

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Premier long-métrage du réalisateur et acteur David Moragas, A stormy night raconte de façon très intimiste et sensible la rencontre de deux jeunes gays un soir de tempête à New York. Une petite pépite indépendante. 

Marcos (David Moragas), beau brun barbu espagnol, est vidéaste et est sur le point de présenter son premier film (une sorte de docu fiction inspirée de ses rencontres gays) à un festival à San Francisco. Mais en raison d’une tempête imminente, il se retrouve bloqué à New York. Par chance, son amie Clara a un plan pour lui : elle partage son appartement quand elle est aux Etats-Unis avec un garçon, Alan (Jacob Perkins). Alan accepte d’héberger Marcos le temps que la tempête passe et qu’il prenne un nouveau vol le lendemain. 

Alan, qui est lui aussi gay, avait déjà entendu parler de Marcos via Clara et est intrigué car il sait qu’il a fait un film qui est assez osé. Très chaleureux et serviable, Alan accueille parfaitement son invité qui est un peu tout son contraire. Alan travaille pour une start up, dédie beaucoup de temps à son job, est légèrement control freak, attaché à ses habitudes, très lisse et un peu strict alors que Marcos est artiste, vivant au jour le jour, sans attaches. C’est bien connu : les opposés s’attirent et alors que Marcos demande à prendre une douche et qu’Alan le briefe dans la salle de bain, ce dernier l’embrasse maladroitement. 

Ce désir exprimé va rapprocher les deux garçons et les amener à parler. Très vite, le vernis craque. Alan, qui se présente comme un gay sérieux et bien sous tout rapport, attaché à la monogamie, s’avère avoir un petit ami… ce qui ne l’a pas empêché d’embrasser Marcos qui lui ne croit pas du tout en la fidélité et n’a jamais eu une relation de couple « ordinaire ». 

Alors que la tempête s’abat dehors, les émotions d’Alan et Marcos et leurs interrogations sur les relations sentimentales fusent, les amenant chacun à faire le point sur leurs histoires d’amour du présent ou du passé. Et en fond, le désir qui rode… 

a stormy night film david moragas

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Le film s’appuie sur une trame très simple, ordinaire, toute personnelle. On devine que David Moragas, qui est ici à la fois réalisateur et interprète du personnage de Marcos, a mis pas mal de son expérience dans cette fiction. Ça sent le vécu, l’introspection. A stormy night se passe dans un seul endroit (l’appartement d’Alan) et sur une période réduite de 24h. C’est assez parfois pour vivre une rencontre qui laissera à jamais une trace et on devine que ça va être le cas ici. 

Pour faire de ce type de long-métrage une réussite, tout repose en général sur l’atmosphère, l’écriture et l’interprétation. Et les trois fonctionnent parfaitement ici : Jacob Perkins et David Moragas forment un duo attachant et parfaitement complémentaire, font vivre avec beaucoup de sensibilité et de pudeur leur personnage en en explorant les fêlures en profondeur et utilisant leurs petits traits de caractères pour une multitude de petits moments très mignons. On est du début à la fin avec eux dans cet appartement, on ressent cette sensation particulière de cohabiter avec quelqu’un qui ne nous laisse pas indifférent et qui semble modifier d’un coup l’espace et le temps. Une personne débarque et plus rien n’est pareil… L’ensemble est appuyé par une photographie en noir et blanc, ce qui contribue à tisser une atmosphère singulière, échappant au quotidien. Et les dialogues, répliques, situations et même les silences sonnent vrai, toujours justes. 

a stormy night film david moragas

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Alan et Marcos passeront-ils à l’acte ? Si on se dit au départ que l’enjeu se trouvera là, finalement le réalisateur déjoue les attentes, capture quelque chose d’unique qui échappe aux cases. La petite lenteur douce et sensuelle de A stormy night est du plus bel effet et laisse en nous un je ne sais quoi d’entêtant, qui donne envie d’y revenir. Un très beau premier film en somme, dans la filiation de Weekend, référence du genre. 

Film produit en 2020 / Inédit en France / Le film est disponible sur Primevideo aux Etats-Unis (accessible via VPN tyoe NordVPN même si pas très légal…) 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3